La diplomatie américaine a réagi jeudi aux critiques du président afghan Hamid Karzaï contre la communauté internationale en invitant le président afghan à convaincre qu'il agit vraiment contre la corruption. «Karzaï doit se mettre en avant, à la tête de son gouvernement pour convaincre la communauté internationale et les Afghans qu'il prend effectivement des mesures pour diminuer la corruption», a lancé le porte-parole du département d'Etat Philip Crowley. M.Karzaï, encore pressé lundi par le G8 de lutter contre la corruption qui gangrène jusqu'à son gouvernement, a riposté jeudi en accusant la communauté internationale d'avoir organisé les fraudes massives lors de sa réélection. M.Crowley a souligné qu'il y avait eu de fortes preuves d'irrégularités» dans le scrutin. Ce qui préoccupe les Etats-Unis, a-t-il dit, est que les élections législatives prévues à l'automne en Afghanistan soient «crédibles». De son côté, le porte-parole adjoint de la Maison Blanche, Bill Burton, a remarqué qu' «il y a évidemment encore beaucoup de travail (en Afghanistan) et nous allons continuer à le faire». M.Burton, qui s'exprimait face à la presse dans l'avion transportant le président Barack Obama dans le Maine (nord-est), a rappelé que «nous avons traversé un processus plutôt long et difficile après l'élection» présidentielle afghane en 2009. «Il y a eu des accusations de fraude, il y a eu beaucoup de bulletins de vote qui ont été annulés et à la fin du processus (électoral) il y a eu un gagnant qui est reconnu par les Afghans et la communauté internationale. Nous en sommes satisfaits», a poursuivi le porte-parole. Mais quatre jours après une visite surprise de M.Obama en Afghanistan, M.Burton a souligné que le président «et ce gouvernement ont été clairs sur le fait qu'il y avait des questions de gouvernance dans ce pays qui peuvent certainement faire l'objet d'améliorations». Encore plus direct, un ancien responsable de l'ONU à Kaboul, l'Américain Peter Galbraith, nommément mis en cause par M.Karzaï, a affirmé avoir pensé que les déclarations du président afghan constituaient un poisson d'avril. «C'est évidemment absurde et ahurissant. Cela démontre à quel point Karzaï est un allié qui n'est pas fiable», a déclaré M.Galbraith. «Franchement, on se pose des questions sur son état mental ou sur son rapport à la réalité», a-t-il dit. Et d'enfoncer le clou: «l'important est qu'il a reconnu qu'il était en fonctions grâce à la fraude. Mais cela a évidemment été effectué par les Afghans et les gens qu'il avait nommés».