La ville des Genêts a vécu un jeudi très agité. Tizi Ouzou s'était préparée, tôt jeudi matin, à vivre une fête. Le club kabyle recevait à domicile un club ami, le CRB. Des grappes de jeunes chamarrées aux couleurs de la JSK, ont commencé à envahir les rues de la cité à partir de 11 heures, en chantant, en dansant et en déployant oriflammes et banderoles aux couleurs de la JSK. Alors que rien ne l'annonçait, un coup de sang s'empara de la foule, qui, remontant du stade du 1er-Novembre aux environs de treize heures, se massa au rond-point de l'avenue Abane-Ramdane. Là, les jeunes gens commencèrent par des jets de pierre. La cible reste la même, le groupement de la gendarmerie. Des éléments du GIR, stationnés dans la cour du groupement, s'ébranlèrent. Ils répliquent par des pierres, c'était tout ce qu'attendaient les manifestants qui se transformèrent en émeutiers. La colère atteignit son paroxysme de part et d'autre. Après avoir envoyé quelques tirs de grenades lacrymogènes depuis la cour du groupement, grenades qui généralement sont saisies et renvoyées encore fumantes, par les émeutiers de là d'où elles avaient été lancées, quelques jeunes gens, utilisant un gros bloc de pierre, tentèrent d'abattre une murette de la brigade de gendarmerie faisant face au groupement, les éléments du GIR sortent dans la rue. Les uns et les autres exultant, comme «heureux» de se retrouver enfin : face à face... après une si longue séparation. Les commerces ont, quant à eux, baissé rideau, pratiquement dès le tir de la première grenade lacrymogène. La rue, désormais, appartient aux deux adversaires qui continuent leurs échanges de projectiles, saupoudrés de «mots gentils». Enfermés depuis trop longtemps, les gendarmes voulaient s'en donner à coeur joie. Casqués, harnachés, et pour certains munis de gourdins, où même de barres métalliques, d'autres armés de lance-grenades et d'un fusil à balles de caoutchouc, les gendarmes ont eu une «réponse assez musclée». Au nombre de quelques centaines, les jeunes gens s'égaillèrent dans les ruelles et quartiers environnants. Pensant avoir eu le dernier mot, les éléments du GIR se replièrent dans leur cantonnement. C'était sans compter sur la volonté juvénile, qui cherchait à en découdre. Cela obligea les gendarmes à sortir plusieurs fois. Lors de l'une de leurs sorties, des éléments du GIR, très en colère, s'en sont pris aux affiches de la Cadc, augmentant, par ce geste, la tension ambiante. Comme il y a lieu de signaler que les vitres des appartements du Bâtiment bleu, n'ont pas résisté à l'ire, et à la fronde habilement maniée par certains gendarmes. Il a fallu attendre 22 heures, pour que la ville retrouve son calme. Hier, les services de la voirie ont enlevé les gravats et autres détritus jonchant l'avenue.