Des prix prohibitifs, rare, et souvent de mauvaise qualité, le livre pose problème. Vrai plaisir partout ailleurs, la lecture est devenue une corvée en Algérie. A cela plusieurs raisons dont la moindre n'est pas l'absence d'une véritable politique du livre dans le pays. Aussi, ne faut-il pas s'étonner si la lecture est, en Algérie, le besoin le moins partagé. Car, pour que l'accès du livre soit universel, il fallait réunir nombre de conditions disponibilité, qualité, prix pour le moment inexistantes. Ces paramètres ont fait du livre un objet de luxe accessible à une petite catégorie de personnes. Lire, certes, mais encore faut-il que chaque secteur en charge du livre joue son rôle. Ce qui est, c'est le moins qui puisse être dit, loin d'être le cas. Il ne s'agit pas d'incriminer quiconque, mais le constat est, là, affligeant. La production livresque annuelle en Algérie est tellement ridicule qu'il n'y a pas lieu d'en relever les chiffres. Le marasme est profond, et il est vraiment grand temps que les pouvoirs publics revoient leur copie pour ce secteur névralgique qui a besoin d'une vrai politique en amont et en aval de la production du livre tous domaines confondus. Or, le paradoxe est que le livre en Algérie est surtaxé, comme si nous avions la meilleure industrie du livre au monde qui permet au Trésor d'engranger des dividendes. Ces taxes douanières, la TVA et autres impôts qui rendent son achat prohibitif, font du livre le produit le plus cher en Algérie. Selon Sid-Ali Sekheri, gérant de librairie, «tant que les taxes douanières demeurent aussi élevées, (15%) et la TVA stabilisée à 7%, il ne faut pas s'attendre à ce que le prix du livre soit attractif. Le lecteur continuera à payer des sommes faramineuses juste pour le plaisir de lire». Alors qui s'occupe du livre dans ce pays? Quel soutien apporte l'Etat à un produit qui reste l'un des meilleurs supports à l'expansion de la culture et de la connaissance et du savoir de manière générale? Les professionnels du livre, notamment les libraires et les éditeurs, sont unanimes à réclamer la suppression des taxes qui, actuellement, mettent hors de portée des petites bourses le livre universitaire notamment, dont le prix est quasiment inaccessible. Ainsi, selon Bouanane Abdelhak, directeur de la Sarl Oméga, «le prix du livre est directement lié aux montants des taxes et TVA». De son côté, Yacine Hanachi, libraire et ancien président du Syndicat professionnel du livre (SNL), estime que «l'absence de lois qui encadrent l'industrie du livre, est le problème majeur». Il suggère que, sans supprimer les taxes, avec le risque de pénaliser «les éditeurs et de provoquer une concurrence déloyale» (l'éditeur étant celui qui prend le plus de risques), suggère donc de «trouver une solution médiane par la suppression par exemple de la taxe sur les matières premières entrant dans la fabrication du livre». Il n'en reste pas moins que cette situation dévalorisante du livre handicape fortement la percée de la lecture en Algérie. La production nationale étant inconsistante, sinon nulle, on aimerait bien que les services des ministères de la Culture et de la Communication et ceux des Finances expliquent un peu le pourquoi de cette surtaxe du livre totalement négative pour une production livresque qui aurait dû être autrement encouragée. Ce qui est le cas, par exemple, chez nos voisins marocains et tunisiens, qui ont adopté depuis quelques années une politique de vulgarisation du livre et de la lecture, et ce, par leur adhésion au protocole de Florence, qui supprime les taxes douanières avec une TVA symbolique de 1%. Notons que l'Algérie n'a pas encore ratifié les accords sus-cités qui permettent pourtant à la production du livre de trouver son équilibre et à la lecture de s'épanouir.