La sortie médiatique de Michel Thiollière confirme le parti pris et la position pro-marocaine de la France dans le conflit du Sahara occidental. C'est vendredi dernier que l'élu du Palais du Luxembourg (Sénat français) a exprimé «son étonnement» face à l'absence d'une commission d'enquête internationale sur la situation des réfugiés sahraouis de Tindouf. Des personnes «séquestrées» selon la nouvelle terminologie des autorités marocaines que vient d'adopter l'ancien premier magistrat de la ville de Saint-Etienne battu en 2008 par Maurice Vincent, candidat du Parti socialiste. «La communauté internationale ne peut ignorer ce qui se passe dans ces camps et qu'il puisse y avoir des violations des droits de l'homme, d'où la nécessité de s'informer», a déclaré l'élu UMP, membre du parti radical valoisien, dans une dépêche répercutée par l'agence de presse officielle marocaine MAP. Michel Thiollière a en réalité répondu aux sollicitations et aux attentes d'une délégation d'un collectif dénommé «Watanouna» qui a comme objectif de dénoncer «l'asservissement des familles, des femmes et des enfants dans les camps de la honte, contrairement aux conventions et droits internationaux». C'est sous ce slogan que cette organisation inféodée au trône marocain tente de faire diversion. Sans aucun doute pour tenter de faire oublier les déboires de la diplomatie marocaine dans l'affaire de la militante sahraouie des droits de l'homme, Aminatou Haïdar. Ou bien tromper l'opinion internationale en ce qui concerne les six militants sahraouis jetés en prison après leur retour d'une visite dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf. Pour quelles raisons la voix de Michel Thiolliere et celle de la France officielle ne se sont-elles pas élevées devant autant d'injustice? Pour le président de la République sahraouie, les choses sont claires. «Le gouvernement français orchestre un grave complot de nature à entraîner un dérapage dangereux dans la région. Paris soutient, avec le gouvernement espagnol, la position du gouvernement marocain contre le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination», a vivement dénoncé Mohamed Abdelaziz. La sortie médiatique du sénateur français confirme le parti pris et la position marocaine de la France dans le conflit du Sahara occidental et elle n'est certainement pas faite pour améliorer des relations politiques bien tendues avec la capitale algérienne. Les choses avaient pourtant l'air de se présenter autrement lorsque fut signé un accord de jumelage en 2002 entre la ville de Saint-Etienne et celle de Annaba. Faut-il rappeler qu'au début du mois de juillet 2006, Michel Thiollière, alors maire de Saint-Etienne, s'était rendu à la «Coquette» à la tête d'une délégation d'une vingtaine de personnes pour mettre en oeuvre de prometteurs projets dans les secteurs de la santé, du tourisme...et dépasser le stade des simples échanges protocolaires. L'élu du Palais du Luxembourg, qui avait promis de revenir quelques mois après, semble avoir jeté son dévolu sur la ville de Fès avec laquelle a été signé un processus de coopération et d'échange d'expériences à la fin de l'année...2006.