Le Phénomène de Mihoubi, qui est basé sur le rire «puéril» des damnés des temps contemporains, est un cri de détresse des ménages au faible pouvoir d'achat. «Le théâtre moderne s'inscrit dans la dénonciation, la revendication et l'étude analytique des événements et les pratiques phénoménaux», a indiqué le monologuiste Mohamed Mihoubi qui a présenté samedi son dernier produit intitulé le Phénomène. En effet, le «Phénomène» de Mihoubi, qui est basé sur le rire «puéril» des damnés des temps contemporains, est un cri de détresse des ménages au faible pouvoir d'achat. Le prologue de monologue repose sur un aller-retour d'un malade qui fait appel aux longs souvenirs des anciennes pratiques qui ne cadrent plus avec les conditions sociales présentes exigées par les nouvelles mutations mondiales qu'a connues la nouvelle époque. Une durée de 15 ans de coma sépare les deux époques. La première est celle de la gracieuse vache, tous les produits étaient à un prix abordable tandis que l'ère actuelle, très austère, est accompagnée par la flambée vertigineuse des prix, la paupérisation de larges couches, le dénuement accentuée par les lois condamnant, sans appel, le petit contrevenant à de lourdes amendes comme le nouveau Code de la circulation. «La course entre le policier et moi est lancée, il attendait impatiemment que je traverse la chaussée pour qu'il m'inflige un procès de 2000 DA tandis que ma poche ne contient que 20 DA de quoi prendre un café qui coûtait, à notre époque, 0,20 centimes». Le malade qui sort de son profond coma ne peut même pas s'offrir les délices d'une tasse de café dans un café luxueux. Croyant vivre son époque, il commande un café qui lui a coûté 250 DA. Là est toute la problématique, et les déboires du malade à peine sorti de l'hôpital commencèrent. Chacune des gorgées de café prise contient une histoire et une pratique initialement révolue. Loin des cris et chahuts de rues et des émeutes, l'artiste fait de la révolte à sa guise, en réveillant les consciences à sa guise. Le Phénomène Mihoubi récidive en dénonçant les pratiques bureaucratiques, les privations, l'absence d'écoute et le laisser-aller constant ancré dans les institutions publiques comme les hôpitaux et les administrations locales. A l'hôpital, sa femme accouche. Parti s'enquérir de l'état de santé de son épouse, il découvre un monde exceptionnel, toutes les pratiques démocratiques sont bannies laissant place à la surenchère. Pour accéder à l'enceinte de l'établissement, l'art de l'improvisation doit être de mise tandis que les découvertes sont étonnantes. «Sa femme devait accoucher d'un garçon, passée à table, elle met au monde une fillette.» «Que vivent ceux qui transforment les hommes en femmes», criait-il. Ce qui est remarquable dans le théâtre de Mihoubi est cette interactivité comédien-public, tout comme celle appliquée par Abdelkader Alloula. Le spectateur participe amplement en tant qu'acteur principal dans plusieurs scènes. «Dans le paysage du théâtre local, il y a un phénomène théâtral; celui de Mohamed Mihoubi et il est symptomatique de cet art, aujourd'hui avec ses paradoxes et ses particularités oranaises», reconnaît l'un des plus grands spécialistes du théâtre, Brahim Hadj Slimane. Le dernier monologue de Mohamed Mihoubi se veut être un appel insidieux, pour sauter les verrous du conformisme.