Le recours à l'importation est loin d'être la solution idoine pour réguler le marché du ciment dominé par la mafia. Encore une fois, le gouvernement échoue dans sa politique. Le prix du ciment donne le tournis. Le sac frôle la barre des 750 dinars, de quoi faire le bonheur des spéculateurs et d'accentuer le malheur des citoyens. Le comble est que même à ce prix, le produit est introuvable. «Même à 750 dinars le sac, ce n'est pas évident de le trouver sur le marché», déplore un propriétaire de commerce de matériaux de construction. «Les prix devraient baisser, surtout que le gouvernement a importé un million de tonnes», ajoute-t-il sur un ton interrogatif. Pourquoi cette flambée? Est-ce une question d'offre? C'est loin d'être le cas. Malgré la croissance de la demande, la production est suffisante. Mais il n'en demeure pas moins que le produit existe en stock. Le gouvernement en important récemment un million de tonnes de ciment, pensait régler le problème mais s'est totalement trompé. L'Etat se retrouve incapable de réguler le marché face à la mafia qui impose son diktat. Importer ou augmenter la production ne changera rien au prix. Preuve en est: l'importation d'un million de tonnes de ciment récemment, pour faire face à la demande croissante et casser les prix, n'a pas eu l'effet escompté. Cette décision n'apporte rien au citoyen. Ce sont beaucoup plus les spéculateurs qui font leurs choux gras de cette situation pour reconstituer leurs stocks. Au lieu de reprendre les choses en main et maîtriser le marché, le gouvernement opte pour la solution la plus facile, à savoir l'importation. Le plus grave est que le prix du sac «sorti d'usine», ne dépasse pas 330 DA. C'est le cas pour le sac de ciment produit par ACC, filiale du groupe français Lafarge, et 300 DA pour celui fabriqué par les cimenteries publiques. Ces prix ont été fixés par un décret exécutif fixant les marges plafond de gros et de détail, en vain! Les spéculateurs triplent le prix sans être contrôlés ni sanctionnés par les services du ministère du Commerce. Le citoyen reste le seul perdant dans cette affaire. Pis encore, les ministres s'amusent à se renvoyer la balle. Ainsi, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Hamid Temmar, a enfoncé son collègue El Hachemi Djaâboub, ministre du Commerce. Interpellé, récemment, en marge de la séance de l'Assemblée populaire nationale (APN) consacrée aux questions orales, sur le million de tonnes de ciment importé, le ministre a eu cette réponse: «Nous en avons importé un million. Nous l'avons mis sur le marché. Il y aura deux millions de tonnes qui seront encore importés. Le problème ne se pose pas», a-t-il déclaré à la presse à cette même occasion. De son côté, le département du commerce dégage sa responsabilité. «C'est la loi du marché. Les prix sont libres et ils obéissent à la règle de l'offre et de la demande», réitère, à chaque fois, le département de Djaâboub. Un argument qui ne tient pas du tout la route lorsqu'on sait qu'il n'y a pas réellement de pénurie. Pour maintenir les prix élevés, les spéculateurs approvisionnent au compte-gouttes le marché. Avec le nombre actuel de chantiers de construction et le démarrage de nouveaux projets, le prix du ciment est pressenti pour atteindre des sommets.