Le mois sacré frappe à nos portes et déjà l'inquiétude des ménages est perceptible quant à la cherté des produits alimentaires. Les mesures annoncées par le gouvernement connaîtront-elles sur le terrain l'application nécessaire et efficace pour freiner l'appétit féroce des commerçants spéculateurs ? Ou seront-elles encore une fois un vœu pieux ? Il faut dire que les Algériens sont confrontés à ce problème récurrent de la flambée des prix des produits de première nécessité à chaque ramadan. En effet, l'année passée, malgré «les mesures qui ont été prises» les prix des fruits et légumes mais aussi de la viande (rouge et blanche) ont enregistré une hausse vertigineuse. Ces produits de large consommation restaient inaccessibles à la grande majorité des Algériens. Mais qu'en sera-t-il cette année ? Les pouvoirs publics ont annoncé plusieurs «mesures pour réguler l'approvisionnement du marché en produits de large consommation et lutter contre la spéculation sur les prix» pendant ce mois de piété. Parmi les mesures qui ont été déjà prises afin d'approvisionner le marché durant ce mois et d'éviter ainsi une hausse des prix due à la rareté des produits, le ministère du Commerce avait autorisé l'importation de 5 000 tonnes de viande fraîche ovine. «J'espère que nous allons pouvoir mieux alimenter le marché national et contribuer à la stabilité des prix de ce produit très demandé durant le ramadan», avait souligné le premier responsable du secteur. Dans ce contexte, il faut noter qu'après avoir abandonné le marché du Soudan pour l'importation de la viande, l'Algérie s'est tournée vers le marché indien. Les services vétérinaires du ministère de l'Agriculture et du Développement rural ont d'ailleurs validé une demande d'importation de viande fraîche et congelée de ce pays. Quant à la qualité de cette viande, le ministère de l'Agriculture a tenu à rassurer que l'importation de la viande est soumise à des dispositifs «universellement admis» en matière de protection de la santé humaine et animale et qui s'applique à tous les pays. Pour la viande blanche, les pouvoirs publics ont chargé pour ce ramadan la Société de gestion des participations de la production animale (SGP Proda) de faire un stock suffisant en viande blanche locale. Ainsi, ce sont plus de 5 000 tonnes de viande blanche congelée qui sont stockées actuellement afin d'éviter le recours à l'importation pendant le ramadan et de maintenir les prix à des niveaux acceptables. Pour les autres produits de large consommation notamment la pomme de terre, une baisse des prix est attendue, compte tenu du «bon stock qui a été déjà constitué» dans le cadre du Syrpalac pour couvrir le marché national. En outre, une grande quantité de citrons sera importée pour éviter que son prix flambe comme ce fut le cas en 2009 ou son prix frôlait les 400 DA le kg. Le nouvel Office national des légumes et des fruits s'est, pour sa part, lancé dans la constitution des stocks pour faire face à la hausse des prix. Pour le lait, l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL) a axé ses efforts ces derniers temps pour arriver à constituer un stock supplémentaire en lait en prévision du mois sacré. Sur un autre plan, les pouvoirs publics affirment mener actuellement plusieurs enquêtes sur des positions monopolistiques auprès d'entreprises activant dans des filières agroalimentaires, notamment le sucre, l'huile et les produits laitiers. En effet, les discours sont beaux, les mesures annoncées sont sur le papier complètes et rassurantes. Restera la réalité du terrain où s'affronteront, dans moins d'un mois, les spéculateurs véreux, sans foi ni loi, et ceux qu'ils s'apprêtent à saigner : les consommateurs sans défense.