Alger est fâché contre Paris et il le fait savoir. Une semaine après le refus de la justice française de prononcer un non-lieu, pourtant réclamé par le parquet, en faveur du diplomate algérien Mohamed-Ziane Hasseni, le ministère des Affaires étrangères a convoqué, avant-hier, l'ambassadeur de France, selon l'APS. «L'ambassadeur de France à Alger, M. Xavier Driencourt, a été convoqué mardi dernier au ministère des Affaires étrangères où il lui a été fait part de la grande surprise et de la profonde préoccupation du gouvernement algérien à la suite de la décision inattendue des juges français qui ont refusé d'accorder le non-lieu à M. Mohamed Ziane Hasseni, bien que le non-lieu ait été requis par le parquet de Paris, en février dernier, et qui s'était fondé sur l'absence totale de charges contre le haut fonctionnaire algérien», précise le document.Les termes de cette convocation sont donc durs. Il ne s'agit point d'une simple «consultation», mais de l'expression d'une colère, d'une indignation. Le ministère algérien des Affaires étrangères évoque, en effet, un «acharnement» contre le diplomate algérien. Pis, les autorités algériennes considèrent que cette décision française est un déni du principe de la «présomption d'innocence». «Il a été fait part au diplomate français de la profonde inquiétude des autorités algériennes devant la démarche des magistrats instructeurs qui confirment la persistance de l'acharnement contre le haut fonctionnaire algérien», est-il indiqué. Les responsables du ministère ont également indiqué avoir signifié à l'ambassadeur de France que cette décision constitue «une nouvelle atteinte inacceptable au principe cardinal de la présomption d'innocence».Mais, plus grave que ces reproches, les autorités algériennes somment même leurs homologues français à consacrer «un traitement diligent et définitif à cette affaire qui a porté un préjudice certain aux relations entre les deux pays et qui a soulevé la réprobation générale et la consternation des collègues du diplomate algérien, incriminé à tort et soumis à une pression intolérable depuis plus de vingt mois».Mohamed-Ziane Hasseni, directeur du protocole au ministère des Affaires étrangères, avait été arrêté à Marseille en août 2008. Il était soupçonné d'être le commanditaire de l'assassinat de l'avocat Ali-André Mecili à Paris en 1987. Les autorités algériennes, ainsi que le diplomate, insistent à dire que Hasseni est victime d'une homonymie. Après plusieurs mois d'instruction, le parquet de Paris a demandé, au mois de février dernier, un non-lieu. La semaine dernière, le juge qui instruit cette affaire a refusé cette requête, tout en donnant au diplomate le statut de témoin assisté au lieu de celui d'accusé, «faute de preuves». A. B.