Le premier parti religieux chiite d'Irak, le mouvement sadriste, a rejeté lors d'un «référendum» les candidatures du Premier ministre sortant Nouri al-Maliki et son rival laïque Iyad Allawi au poste de chef de gouvernement, leur préférant un candidat religieux. Ibrahim Jaafari, Premier ministre d'avril 2005 à mai 2006 au moment où l'Irak plongeait dans la guerre confessionnelle, a remporté la consultation organisée vendredi et samedi par le mouvement, selon les résultats publiés hier à Najaf. M.Jaafari, chef du Courant de la réforme, est arrivé en tête devant Jaafar Mohammed Baqer Sadr, le fils de Mohammed Baqer Sadr, un ayatollah assassiné en 1980 et fondateur du parti Dawa désormais au pouvoir. MM.Maliki et Allawi arrivent respectivement en troisième et quatrième position, suivis d'Ahmed Chalabi, l'instigateur de l'invasion de l'Irak en 2003. Selon le mouvement, 1,8 million de personnes ont participé à cette consultation, à laquelle tous les Irakiens étaient invités à participer. Il semble cependant que la grande majorité des participants aient été des membres ou sympathisants du courant du chef radical, qui réside en Iran. «Nous prendrons en compte les résultats du référendum lors des négociations avec les autres partis pour former le gouvernement», a affirmé le porte-parole du mouvement, Salah al-Obeidi. «Ces résultats auront une influence dans les discussions pour le choix du Premier ministre», a-t-il encore insisté. Fort de son statut de premier mouvement religieux chiite d'Irak obtenu grâce à de très bons résultats aux législatives du 7 mars, le parti de Moqtada Sadr a voulu barrer la route à M.Maliki qui avait mené en 2008 une campagne militaire sanglante et d'arrestations contre la milice du mouvement dans ses fiefs de Sadr City, à Baghdad, et de Bassora (sud). En imposant une forte discipline dans ses rangs, autrefois désunis, les sadristes ont réussi à remporter 39 sièges (32 dans la précédente assemblée), écrasant leurs alliés chiites du Conseil suprême islamique en Irak (CSII) d'Ammar al-Hakim qui ont moitié moins d'élus. «La situation politique est compliquée et Sayyid Moqtada Sadr a toujours dit que le meilleur conseiller est le peuple irakien (...) Le Sayyid ne peut pas dire qu'il veut un tel ou un autre comme Premier ministre», avait dit Hazem al-Araji, un des dirigeants du mouvement avant le référendum.