Des sans-droits au travail ont quitté le 9 avril 2010, la ville de Bouarfa en direction des frontières algériennes, selon un communiqué signé et publié sur le site de Solidarité Maroc. C'est pratiquement au même moment où le secrétaire général des Nations unies a lancé son appel au Conseil de sécurité pour une prolongation d'une année supplémentaire du mandat de la Minurso, Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental, que l'information est tombée. «Je recommande que le Conseil de sécurité proroge le mandat de la Minurso pour une période supplémentaire d'un an jusqu'au 30 avril 2011», indiquait Ban Ki-moon. Tandis que le secrétaire général de l'ONU s'attelait à réitérer un sempiternel appel aux deux parties en conflit (le Maroc et le Front Polisario) pour négocier «sans préalables et de bonne foi» sous les auspices de son représentant personnel, Christopher Ross, des centaines d'étudiants de la province de Figuig se sont mis en marche vers le territoire algérien pour protester contre l'exclusion et le chômage. «Des dizaines de milliers des jeunes diplômés issus des familles pauvres se trouvent victimes des politiques antipopulaires de l'Etat marocain. Sans fonds en banque, sans piston, sans corruption...le jeune marocain est condamné au chômage. C'est un marocain sans droits de citoyenneté. Rappelons aussi que des régions comme celle de Figuig sont dépourvues de toute ressource naturelle, d'infrastructures, d'industrie, d'agriculture... La solidarité nationale entre les régions n'a aucun sens au Maroc», souligne le texte signé par Ali Fkir. La ville de Figuig est située à l'extrême est du Royaume marocain, à quelque 400 km au sud de Oujda et à 7 km de la ville algérienne de Beni Ounif. «Malgré la nuit, la faim, la soif, les obstacles géographiques, les menaces des forces de répression les sans-droits de citoyenneté, les enfants diplômés des familles pauvres victimes de l'exclusion, bravent toutes ces difficultés et avancent dans le désert» annonçait sur le «blog» de solidarité Maroc, tard dans la nuit de vendredi à samedi, Ali Fkir, professeur universitaire retraité, membre fondateur du mouvement marxiste-léniniste marocain, Illal Amam,qui a passé 17 années derrière les barreaux avec Abraham Serfaty, figure emblématique de l'opposition au pouvoir marocain et militant de l'Amdh (Association marocaine des droits humains). Il faut savoir que les universités marocaines n'en sont pas à leur premier coup d'éclat. Le 14 mai 2008, l'université de Marrakech a été le théâtre d'une marche dont les principales revendications consistaient en l'amélioration des conditions de vie au sein de leur établissement. Cette action, qui se voulait pourtant pacifique, s'est soldée par l'arrestation de 18 étudiants dont une étudiante de 23 ans qui est devenue contre son gré la plus jeune détenue d'opinion de tout le Royaume. Zahra Boud-kour a été condamnée à deux années de prison ferme alors qu'une dizaine de ses compagnons ont écopé de peines allant jusqu'à quatre années de prison ferme. La cour d'appel de Marrakech a confirmé les jugements prononcés par le tribunal de première instance en ce début de mois d'avril. Les associations de défense des droits de l'homme se sont indignées. «On s'était indignés lors de la première condamnation et c'est le même sentiment que nous ressentons pour cette confirmation en appel. Ce sont de simples étudiants réunis dans un syndicat, qui militaient pour leurs droits. Par conséquent, l'Amdh demande une fois de plus la libération immédiate de ces étudiants», a déclaré Khadidja Riyadi, la présidente de l'Association marocaine des droits humains. Il semblerait en tous les cas qu'avec la détérioration croissante des conditions de vie, que c'est tout un mouvement de protestation qui a pris corps à travers les luttes estudiantines. Elles sont structurées et appuyées par les traditionnelles organisations de gauche et d'extrême gauche qui ont fait leur preuve et excellé dans ce domaine. Le prix à payer pourrait être très élevé et la répression, une particularité du pouvoir marocain, s'avérer très féroce.