Prenant la parole lors des consultations du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, le représentant de l'Algérie à l'ONU estime que “le Conseil de sécurité ne peut continuer à se montrer complaisant à l'égard du Maroc, sauf à vouloir consacrer l'injustice”. L'Algérie est montée au créneau, lundi soir, pour dénoncer le laxisme de l'organe exécutif des Nations unies dans la gestion du dossier sahraoui. Adoptant un ton ferme, le représentant algérien au sein de l'ONU a affirmé que “le Conseil de sécurité des Nations unies doit réitérer son appui au plan Baker et appeler directement le Maroc à l'accepter et à le mettre en œuvre (...) de manière claire et non ambiguë”. “Nous avons un territoire qui fait partie des territoires non autonomes, répertoriés par le comité de décolonisation des Nations unies, illégalement occupé par un Etat voisin (...) qui refuse obstinément de le quitter”, a ajouté M. Baâli. “Il n'est disposé (...) qu'à lui octroyer plus d'autonomie dans le cadre de la souveraineté et de l'intégrité territoriale marocaine”, note-t-il encore. Continuant sur sa lancée, le diplomate algérien ira jusqu'à dénoncer “l'appui inconditionnel” dont bénéficie le Maroc au sein du Conseil de sécurité qui empêche, selon lui, “toute action coercitive, voire toute pression”. “Et c'est parce que le Conseil de sécurité n'était pas en mesure d'assumer ses responsabilités, alors que lui avait pleinement assumé les siennes, que M. Baker n'eut d'autre choix que de partir”, a dénoncé M. Abdallah Baâli devant ses pairs. “Aujourd'hui, nous nous retrouvons de nouveau dans l'impasse. Nous avons un nouvel envoyé personnel qui s'est rendu dans la région et qui reviendra nous dire que le Front Polisario est prêt à jouer le jeu, à signer le plan de paix et à le mettre en œuvre, tandis que l'autre partie n'est disposée qu'à envisager un statut d'autonomie pour le Sahara occidental. Que va faire le Conseil de sécurité ?” s'est-il interrogé. Partant de ce constat, il appellera le Conseil de sécurité à “envoyer un message ferme au Maroc qu'il ne peut continuer à verrouiller le territoire aux ONG et aux médias internationaux et à violer les droits les plus élémentaires des citoyens sahraouis”. “Il est regrettable que le bureau du Haut-Commissaire aux droits de l'Homme, si prompt à réagir aux moindres violations des droits de l'Homme dans tel ou tel pays, soit resté silencieux sur le drame vécu au cours des derniers mois par les Sahraouis dans le territoire malgré la mobilisation des ONG comme Amnesty International”, a déploré le représentant de l'Algérie. Il a rappelé dans ce contexte que l'ONU a une “responsabilité politique et légale à assumer à l'égard des populations des territoires non autonomes”. Quant aux allégations marocaines au sujet de “ses citoyens séquestrés” à Tindouf, il dira : “Et quand le bureau du Haut-Commissaire aux droits de l'Homme décide de s'intéresser à la situation qui prévaut au Sahara occidental, il choisit, pour ne pas déplaire au Maroc, de vérifier également les allégations du Maroc concernant la situation de ses concitoyens séquestrés, c'est-à-dire les réfugiés sahraouis, dans les camps des réfugiés de Tindouf.” Il ne manquera pas de qualifier les manœuvres marocaines d'“odieuse symétrie, a-t-il souligné, qui place sur un pied d'égalité l'agresseur et la victime qui fait tant de tort à cette organisation, qui compromet sa crédibilité et altère son image et son prestige”. En conclusion, M. Abdallah Baâli a réaffirmé que l'Algérie soutient pleinement la recommandation du secrétaire général concernant la prorogation du mandat pour une nouvelle période de six mois, soulignant cependant que “ces six mois doivent être mis à profit par l'envoyé personnel du secrétaire général et le Conseil de sécurité pour convaincre le Maroc de se rallier au plan de paix de M. Baker et de le mettre en œuvre”. K. ABDELKAMEL