Les experts pointent du doigt les dispositions très restrictives instaurées, notamment, par la loi de finances complémentaire 2009. Sale temps pour les entreprises algériennes! Tel est le constat des experts et des chefs d'entreprise qui se sont réunis hier à Alger autour du thème «Quel avenir pour l'entreprise algérienne?». Organisé par le Forum des chefs d'entreprise (FCE), les économistes participant à ce séminaire se sont montrés sceptiques quant à l'avenir des entreprises algériennes. Celles-ci sont confrontées aux diverses difficultés résultant d'une ouverture économique débridée, exacerbées par les dispositions très restrictives instaurées, notamment, par la loi de finances complémentaire 2009. Malheureusement, les autorités algériennes ont décidé de promouvoir ces entreprises, sans aucune concertation avec les opérateurs économiques concernés, soulignent les participants. Ces décisions vont souvent à contre-courant des intérêts des entreprises, affirme l'ensemble des experts. Ces derniers dénoncent les décisions qui fragilisent les fondements d'une économie encore fragile en déstabilisant notamment les producteurs et les investisseurs nationaux. Face à ce triste bilan, les pouvoirs publics demeurent sourds aux cris de détresse des entreprises ainsi qu'aux inquiétudes «légitimes» des producteurs de richesse, marginalisés dans leur propre pays, attestent-ils. Selon le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Réda Hamiani, «un dialogue économique de qualité est la seule voie raisonnable pour traiter toutes ces réformes structurelles dont notre pays a un besoin urgent. De ce dialogue que nous appelons de tous nos voeux, il s'agit plus que jamais de mettre l'entreprise au centre de la politique économique nationale». L'économiste estime qu«'il faut bien prendre conscience que les dépenses d'équipement public sont passées d'un volume annuel de 453 milliards de DA en 2002 à 2 814 milliards de DA en 2009 et cela ne profite que marginalement à l'entreprise algérienne. Et par voie de conséquence, cela ne produit que peu de résultats en termes de croissance de l'économie nationale». Pis encore, le président du FCE a noté «avec beaucoup de préoccupation comment notre pays est passé en quelques années seulement d'un niveau des importations de marchandise qui se situait entre 10 et 12 milliards de dollars, à près de 40 milliards de dollars. Au cours de la même période, les importations de services sont passées de 2 à 3 milliards de dollars à près de 11 milliards de dollars». Et de poursuivre: «A nos yeux, le retour que nous observons chaque jour, vers des pratiques centrées sur la restriction administrative de l'acte de commerce comme de l'acte d'investir, est une fausse solution qui ne fait que limiter chaque jour un peu plus une offre nationale déjà insuffisante, tout en favorisant le gaspillage de ressources rares tirées des hydrocarbures, une matière première précieuse mais, pour les générations futures, non renouvelable» L'orateur a mis l'accent sur les mesures censées restreindre l'importation, notamment, le crédit documentaire. Pour l'expert, ces mesures pénalisent nettement plus les producteurs qu'elles ne contribuent à réduire les importations. Plus ferme, le conférencier dira que «la politique économique nationale a besoin d'être plus consensuelle. Si elle est élaborée par les pouvoirs publics, elle doit être lisible et clairement comprise par le monde de l'entreprise et cela n'est pas le cas chez nous» Et d'enchaîner, «les observations qui sont faites par les entreprises doivent être entendues, et cela n'est pas encore le cas chez nous!», a-t-il martelé. Et de conclure: «L'Etat a la responsabilité de créer un tel environnement s'il veut réellement aider à l'émergence d'un marché national puissant.» Au final, les experts participant à ce séminaire ont adopté des recommandations qui feront l'objet de négociations au niveau des autorités compétentes.