Washington veut « bâtir une coalition forte » contre le terrorisme. C'est ce que vient d'affirmer le secrétaire d'Etat américain Colin Powell. Seront associés à cette coalition, l'OTAN et des pays du Moyen-Orient. Il a donc fallu les horribles attentats de New York et de Washington pour que les démocraties occidentales comprennent combien les nuisances du terrorisme sont une et de même nature et qu'il ne saurait y avoir de terrorisme «soft» dans un monde qui aura quelque peu perdu ses repères. Le terrorisme n'a pas de frontières et peut frapper à tout moment, en toute circonstance. Ce que les Algériens, singulièrement, les Egyptiens et d'autres pays en butte au terrorisme organisé, n'ont cessé de clamer depuis des années. Les prêches d'Alger et du Caire, selon lesquels, le terrorisme international nécessite, pour son éradication, une coopération internationale aussi ferme que résolue, sont restés sans échos. Ce n'est qu'après les attentats tout aussi meurtriers des ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, que l'Occident eut ses premières prises de conscience quant à la dangerosité de la nébuleuse terroriste dont aucun pays ne peut affirmer être à l'abri. Les attentats des ambassades américaines à Nairobi et à Dar es-Salaam avaient remis à l'ordre du jour, et surtout mis en cause, pense-t-on, une conception erronée, et à tout le moins éculée et volontariste, du terrorisme et des nuisances qu'il pouvait induire pour l'ordre le mieux établi. Comme en 1998, pour les attentats de mardi dernier, c'est l'ennemi public n°1 des Etats-Unis, Oussama Ben Laden, qui est encore en point de mire. Déjà en 1998, tous les soupçons se sont concentrés sur l'apatride saoudien, aujourd'hui, c'est Colin Powell, qui évoque la piste Ben Laden après la catastrophe du 11 septembre. Cependant, faut-il aussi rappeler que cet homme, recherché par les polices du monde entier, a été surtout une création des Américains, à l'instar de ce qu'a été l'Egyptien cheikh Omar Abderrahmane. Hier, cheikh Omar Abderrahmane, aujourd'hui Ben Laden à tout le moins l'un des leaders du terrorisme international le plus connu focalisent l'attention mondiale sur eux. Dès lors, il convient de relever que quelque part ces terroristes, dangereux certes, sont cependant en premier lieu une création du système mondial en vigueur, qui utilise et manipule leur capacité de nuisance indispensable au maintien des conflits locaux et régionaux nécessaires à la continuité du complexe militaro-industriel pilier de la prospérité du monde occidental. En refusant de s'attaquer de front à cette gangrène terroriste, qui déstabilise maints Etats et pays dans le monde, en minimisant ses préjudices, les Américains et les Européens auront surtout joué avec le feu, pensant sans doute pouvoir à tout moment avoir les moyens d'arrêter ses dépassements, contrôler ses activités et lui assigner des limites. Or, il apparaît bien maintenant que le terrorisme international n'a ni limite ni frontières et peut disposer pour ses actions des mêmes moyens et logistique que ceux d'un Etat. Les attentats de New York et de Washington le prouvent amplement. Il a fallu que les Etats-Unis soient touchés au coeur, pour que le secrétaire d'Etat américain Colin Powell mentionne pour la première fois la possibilité de «bâtir une coalition forte pour pourchasser les coupables (des attentats), mais plus largement pour pourchasser les terroristes où que ce soit dans le monde». M.Powell ajoute qu'il fallait «y associer les pays musulmans qui ont autant que nous à craindre du terrorisme qui frappe des civils innocents». Le terrorisme n'a jamais connu de frontières, et c'est seulement maintenant que les Américains en admettent la réalité. C'est ce que l'Algérie, victime depuis dix ans du terrorisme, avait clamé sans cesse dans l'indifférence générale de la communauté internationale, qui eut surtout pour réaction de mettre ce pays sous un embargo, de fait, qui n'a jamais dit son nom.