Lancée en 1999, l'initiative Eizenstat a lamentablement échoué. Washington renouvelle l'offre dans l'espoir de voir les pays d'Afrique du Nord s'entendre sur les questions strictement économiques. Les Etats-Unis continuent d'encourager l'intégration économique et politique des pays du Maghreb. Certains responsables du département d'Etat pensent qu'en unissant leurs efforts, particulièrement dans le domaine économique, leur potentiel sera plus grand. Du coup, les Etats-Unis comptent lancer, encore une fois, une nouvelle initiative pour rapprocher économiquement les trois pays de l'Afrique du Nord. “C'est une initiative strictement économique”, nous dit-on, à l'image de l'initiative Eizenstat (du nom de l'ancien sous-secrétaire d'Etat au Commerce, Stuart Eizenstat). Lancée en 1999, l'objectif était de “resserrer les liens entre les Etats-Unis et les trois pays de l'Afrique du Nord en matière de commerce et d'investissements, de favoriser davantage le commerce entre les trois pays maghrébins, d'inciter un plus grand nombre d'entreprises américaines à investir dans la région”. Cependant, l'initiative Eizenstat a échoué et la nouvelle proposition économique américaine envers les trois pays maghrébins risque de connaître le même sort, “si les pays d'Afrique du Nord ne s'accordent pas entre eux”, nous dit-on, sans donner davantage de précisions sur cette nouvelle initiative, qui reste encore au stade de “préparation”. Pour rappel, le sous-secrétaire d'Etat, bureau des affaires publiques au département d'Etat américain, le colonel Phillip Crowley, qui a participé à la guerre “Tempête du désert” contre l'Irak, lors d'une rencontre avec la délégation de journalistes, invités dans le cadre du programme Edward R.Murrow, à Washington, a qualifié d'importante la menace terroriste dans la région, “depuis que certains groupes ont choisi de s'affilier à Al-Qaïda”, et a parlé d'engagement des Etats-Unis “de renforcer la coopération” avec les pays concernés. M. Phillip Crowley ne précise pas comment les Etats-Unis comptent s'y prendre, mais il estime que “les recettes du succès” résident dans la stimulation de “la croissance économique et l'ouverture politique”. Des responsables du département estiment, cependant, que la région du Maghreb est la plus stable de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient. Du coup, les Etats-Unis veulent renforcer la coopération avec les pays du Maghreb, non seulement pour lutter contre le terrorisme mais aussi en matière économique. “Nous sommes disposés à aider pour renforcer les capacités de formations des troupes militaires, en matière de renseignement sur les cellules terroristes”, affirme-t-on au département d'Etat, en qualifiant de positive la création d'un front commun, entre l'Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie, pour lutter contre le terrorisme dans la région du Sahel. “Ces pays ont préféré nous écarter, mais nous aimerions aider dans le cadre de ce processus”, indique-t-on au département d'Etat, en démentant l'existence d'une base militaire du commandement Africom au Maroc. Le commandant du Commandement américain pour l'Afrique (Africom), face aux réticences des pays maghrébins à accueillir une base militaire, a eu, en 2008, à se rendre en Tunisie et au Maroc, mais pas en Algérie. Mais il faut se rendre à l'évidence, ce qui préoccupe les Américains, c'est l'envoi ou pas de troupes supplémentaire en Afghanistan. Les guerres d'Irak et d'Afghanistan ont coûté plus de 900 milliards de dollars aux contribuables américains La principale question qui revient dans les débats politiques, depuis la publication par le Washington Post du rapport du général américain Stanley McChrystal, le commandant des forces internationales en Afghanistan. Le général McChrystal a indiqué en substance que sans l'envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan, la coalition internationale subira un échec. L'état-major militaire demande au président Obama des renforts importants, jusqu'à 40 000 hommes, en plus des 68 000 soldats américains déjà déployés en Afghanistan, sous peine de perdre la guerre. Et certains estiment que toute la présidence d'Obama dépendra de la décision qu'il prendra et de l'issue de ce conflit. Pour l'instant, le président américain, dont la popularité commence peu à peu à s'éroder, prend le temps de la réflexion. Il a reçu, mardi dernier, les principaux responsables du Congrès dans le cadre d'une série de réunions sur la stratégie à suivre en Afghanistan. Mais pour Bill Smullen, ancien chef de cabinet de Colin Powell et directeur des programmes des études de sécurité nationale à la Maxwell School, université de Syracuse (New York), le président Obama ne devrait pas envoyer de troupes supplémentaires. Il affirme que le peuple américain est fatigué de cette guerre dans laquelle plus de 68 000 soldats américains sont impliqués et en Irak (13 000 soldats). Les coûts de deux guerres sont jugés très lourds : plus de 900 milliards de dollars. 5 100 Américains ont perdu la vie et 35 000 autres ont été blessés. Cependant, pour l'ancien chef de cabinet de Colin Powell, il n'est pas question de se retirer d'Afghanistan. “Nous avons, déjà dans le passé abandonné nos amis”, rappelle, avec regret, le colonel Bill Smullen, qui propose une autre stratégie : enlever les troupes des collines où elles sont vulnérables, travailler avec la population, former les unités afghanes et faire pression sur le gouvernement, qu'il juge corrompu et illégitime. Sur un autre plan, le colonel Smullen affirme que le président Obama ne pourra pas tenir sa promesse de fermer la prison de Guantanamo avant le 22 janvier 2010, parce qu'il ne trouvera pas où mettre les prisonniers. Les différents Etats des Etats-Unis refusent de les recevoir sur leur territoire. M. R.