Le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, et le président syrien, Bachar Al-Assad, ont donné, hier à Damas, le coup d'envoi à un dialogue qui pourrait être décisif pour les relations syro-américaines et la paix au Proche-Orient. L'entretien, le premier à ce niveau depuis l'intervention américaine en Irak à laquelle la Syrie était opposée, devait avoir une portée très large tout en abordant les sujets les plus délicats, selon M. Powell. Juste avant de se rendre au palais présidentiel, le chef de la diplomatie américaine a déclaré à la presse qu'il discuterait avec M. Assad des “organisations” palestiniennes “basées en Syrie qui ont une attitude de rejet” face à Israël, visant, sans les nommer, le Hamas et le Jihad islamique. M. Powell a aussi mentionné le “développement d'armes de destruction massive”, allusion au programme d'armements chimiques que Washington accuse la Syrie de développer. Il devait également évoquer le “bouclage de la frontière syro-irakienne”, Washington souhaitant que Damas évite de se mêler des affaires irakiennes par hostilité à la coalition américano-britannique. M. Powell a cependant souligné que “ce qui est important pour nous aujourd'hui, c'est d'avoir une discussion avec le président” Assad qui “aborde ces sujets mais qui aille au-delà”. Pour lui, “les conversations” syro-américaines devaient traiter “du changement du contexte stratégique (...), de la situation en Irak et de la publication de la feuille de route” pour une paix israélo-palestinienne, mercredi dernier, par le quartette (Etats-Unis, Onu, Russie et Union européenne). M. Powell a parlé de “deux dynamiques en marche : la nouvelle situation en Irak, avec l'élimination d'un régime dictatorial et l'opportunité pour le peuple irakien de bâtir un pays et un gouvernement sur des fondements démocratiques, et l'occasion de faire avancer le processus de paix entre Palestiniens et Israéliens”. “Même si la feuille de route concerne principalement les Palestiniens et les Israéliens, les Etats-Unis la considèrent comme partie intégrante d'un règlement global qui inclurait les intérêts de la Syrie”, a-t-il précisé. Peu avant son arrivée, vendredi dernier dans la soirée à Damas, M. Powell avait exprimé sa “compréhension” pour la revendication de la Syrie sur le plateau du Golan, occupé depuis 1967 par Israël. M. Powell s'attendait donc à des discussions “productives” et espérait, après avoir entendu ce que M. Assad avait à dire de son côté, que “le résultat des conversations de ce jour permettrait aux deux pays de travailler plus étroitement”. Le secrétaire d'Etat américain a répété qu'il n'était pas question d'une “attaque” militaire contre la Syrie.