Prisant les jeux de mots accessibles à l'Algérie profonde, il a littéralment cloué au pilori ce mouvement. Le président du MSP, Mahfoud Nahnah, était vendredi soir l'invité de la Télévision algérienne. Une occasion pour ce leader, éclipsé du devant de la scène médiatico-politique depuis des mois pour des raisons de santé, d'afficher les grandes tendances de son parti à l'occasion de sa future campagne électorale. Nahnah, revenant sur le recul du MSP à l'APN, passé de 77 sièges en 97 à seulement 38 en 2002, a mis en avant la fraude, en voulant pour preuve la présence de son parti dans «les 48 wilayas du pays et dans 1109 communes». Ces chiffres, a-t-il tenté d'expliquer, montrent que la force du MSP est toujours intacte puisque en matière de nombre de listes et de présence sur le territoire national, il se place à la seconde place, immédiatement après le FLN. Le MSP, parti en campagne avant l'heure, a donné l'air de vouloir courtiser ce qui reste de l'électorat de l'ex-FIS. Nahnah, en effet, a précisé, abordant ce sujet toujours aussi brûlant, que «le pouvoir a eu beau dissoudre ce parti, ses hommes et ses idées n'en continuent pas moins d'exister. Certains ont même occupé des postes élevés au pouvoir». Une manière, comme une autre, de dire que le MSP refuse de cautionner officiellement cette dissolution, laissant même entendre, à demi-mots, que d'anciens militants de ce parti dissous pourraient se trouver sur ses listes. Interrogé sur ce sujet, Nahnah a, en effet, indiqué que ses listes «sont ouvertes à tous ceux qui jouissent de leurs droits civiques et politiques». Les gens graciés du FIS et de l'AIS entrent bel et bien dans cette catégorie. Nahnah, craignant toujours la fraude, même s'il indique être en très bons termes avec tous les partis politiques à l'exception du RCD qui a rompu ses relations avec lui sans fournir la moindre explication, ne s'en félicite pas moins de «la rectitude exceptionnelle de la justice qui a pris fait et cause pour le MSP dans près de 90 % des cas de noms de candidats rejetés». Nahnah, plus ou moins résolu, voire contraint de jouer la carte de la franchise, a reconnu que des divergences assez profondes ont secoué son mouvement, tempérant toutefois le phénomène, de même que les sorties intempestives de Abderrezak Mokri, en indiquant que «la crise a touché l'ensemble des institutions du pays, à commencer par l'ANP elle-même». Et d'enchaîner sur la crise pour fustiger les ârchs en usant d'un de ses jeux de mots qu'il semble priser tout particulièrement: «Le drame de l'Algérie, ce sont les aârouchs, lekrouch et les qourouch». (les ventres et les sous. Ndlr). Accusant ce mouvement de vouloir «partitionner le pays au moment où les plus grandes puissances mondiales cherchent à se regrouper», s'interrogeant sur cette brusque montée au créneau dans une seule région alors que les ârchs existent partout en Algérie. Coupant court à toute autre forme de spéculation, Nahnah a enchaîné pour dire que sa «femme est Kabyle». Abordant le sujet de la gestion catastrophique des communes et des wilayas, Nahnah reviendra sur le chiffre donné par le Président Bouteflika à propos des maires poursuivis en justice et/ou emprisonnés pour conclure que «ce triste phénomène est dû au non-respect de la volonté populaire depuis le règne des DEC (qualifiés de coqs dans un autre jeu de mots) jusqu'à ce jour». Tout en soutenant le processus de privatisation tous azimuts en cours, Nahnah a tiré la sonnette d'alarme par rapport à la rentrée sociale qui risque de s'accompagner, selon lui, d'«une véritable implosion sociale». Pour ce qui est de sa présence au pouvoir depuis de bien nombreuses années, Nahnnah, comme à son habitude, a tenté de tempérer la responsabilité de son parti et de ses ministres en précisant que ces derniers «tentent, du mieux qu'ils peuvent, de faire des propositions constructives porteuses de bienfaits pour le peuple et le pays.»