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Clash entre le FCE et le gouvernement
POLITIQUE ECONOMIQUE
Publié dans L'Expression le 18 - 04 - 2010

Parmi les reproches adressés au gouvernement, il en est qui sont contradictoires.
Le constat réquisitorial dressé par le FCE, le 14 avril dernier, de la situation économique du pays, est accablant tout comme l'est la dénonciation de la volonté qu'il prête au gouvernement de ressusciter les méthodes de l'économie administrée et comme le sont plus encore ses griefs quant au mépris qu'afficheraient les pouvoirs publics à l'égard de ses recommandations et de ses préconisations.
Le gouvernement à l'écoute des patrons
Parmi les reproches adressés au gouvernement, il en est qui sont contradictoires, comme celui d'avoir favorisé à l'excès les importations (qui ont atteint leur acmé en 2008 et 2009) au regard des besoins de l'économie nationale, alors que le gouvernement dans la loi de finances complémentaire pour 2009 et la loi de finances pour 2010, adopte des mesures très contraignantes visant à séparer, au sein de la vaste corporation des importateurs, le bon grain de l'ivraie. Autre exemple: le FCE fait grief au gouvernement d'avoir conclu un accord de libre-échange avec 15 pays de l'UE, qui aurait pénalisé, depuis son entrée en vigueur, en 2005, la production nationale, à cause notamment du démantèlement tarifaire qu'il instaure. Or, aujourd'hui, le gouvernement annonce son intention de demander la renégociation de cet accord, de sorte que les entreprises algériennes ne soient plus systématiquement pénalisées par l'entrée des produits d'origine européenne sur le marché algérien. Soit dit au passage, le FCE ne peut se dissimuler qu'en exigeant une adaptation du contenu de l'accord de libre-échange avec l'UE, le gouvernement algérien introduit un élément d'incertitude majeur dans sa gestion des accords internationaux car c'est en parfaite connaissance de cause de l'impact dudit accord sur l'économie de notre pays que le gouvernement algérien l'a conclu. On ajoutera, pour faire bonne mesure, qu'entre le moment de la signature de l'accord (c'est-à-dire en 2002) et son entrée en vigueur (septembre 2005), il était pour le moins illusoire d'escompter des entreprises algériennes qu'elles se missent à niveau soit pour imposer leur offre sur le marché algérien soit, plus encore, pour conquérir des parts de marché dans l'espace européen. Enfin, entre 2005 et 2010, toutes les actions entreprises par la puissance publique dans le but d'élever la qualité du management des entreprises, n'ont pas donné de résultats significatifs, puisqu'aussi bien notre pays dépend de plus en plus des hydrocarbures, cependant que ses modestes capacités exportatrices sont annihilées, ab initio, par les avantages comparatifs construits, tout au long de plusieurs décennies, par d'autres pays méditerranéens comme le Maroc, la Tunisie, l'Egypte et surtout la Turquie. S'agissant des mesures adoptées dans la LFC pour 2009 et réitérées dans la LF pour 2010, l'essentiel d'entre elles ont été dictées par l'échec des instruments juridiques de la politique algérienne de promotion des investissements.
Le Policy maker ne pouvait que prendre acte, dès 2008 du fait que l'encouragement prodigué aux investisseurs étrangers n‘avait permis d'améliorer ni l'emploi ni l'offre de biens et de services ni apporté quelque savoir-faire ou assistance technique dignes d'impulser durablement un développement de nos exportations hors hydrocarbures. En revanche, ce sont quelque 70 milliards de dollars de bénéfices qui ont été transférés par les entreprises étrangères entre 2001 et 2009, et ce, grâce à une réglementation des changes très généreuse, mais aussi, assez peu exigeante sur la conformité réelle du montant des transferts à la réalisation effective de l'investissement. Aussi, le gouvernement algérien a-t-il repris à son compte les critiques formulées en 2008 par le FCE sur cette question et a décidé, en remaniant le Code des marchés publics, de permettre désormais à des PME/PMI, de plus en plus nombreuses, de soumissionner pour la réalisation des grands marchés qui étaient, jusqu'ici, attribués préférentiellement aux entreprises étrangères. Il résulte de ce qui précède, qu'au moins depuis 2009, le gouvernement algérien est à l'écoute des doléances du FCE (dont la qualité de l'expertise est irrécusable et la personnalité de son chef unanimement appréciée).
Il est, cependant, exact que certaines décisions des pouvoirs publics ont besoin d'être ajustées au plus près des contraintes du terrain et que certaines institutions de l'Etat n'appliquent pas toujours avec rigueur les instructions du gouvernement. Il faut assurément du temps pour qu'un processus vertueux de remise en ordre de l'économie atteigne sa pleine maturité. Il est également certain qu'une application trop formaliste des dispositions de la LFC pour 2009 peut générer quelques effets pervers sur les entreprises qui disposent de fonds propres insuffisants. Mais le gouvernement est dans son rôle lorsqu'il entreprend de sanctionner des milliers de pseudo-importateurs qui prospèrent sur le territoire national et se jouent de toutes les réglementations.
Par ailleurs, contrairement à des avis présumés autorisés, seule l'instauration du crédit documentaire est de nature à assurer la traçabilité des opérations commerciales et il est, de surcroît, parfaitement erroné, de stigmatiser la décision du ministre des Finances, Karim Djoudi, d'envisager une adaptation de l'application du Credoc à la diversité des situations des importateurs, le Credoc constituant un instrument de paiement et de garantie que chaque pays peut adopter, en fonction des exigences qu'il estime devoir instaurer pour assurer la transparence des affaires. Ceci dit, il est certain que des mesures d'assouplissement seront prises, dès lors que les nouvelles règles posées seront réellement intégrées par les agents économiques et les banques qui devront être, en toutes circonstances, parties prenantes au dénouement des opérations commerciales avec l'extérieur. Ces mesures d'assainissement ne vont pas sans un surcroît de bureaucratie (donc de plusieurs contrôles a priori), qui est ressenti par les chefs d'entreprise comme une entrave à la liberté du commerce. Or, il faut savoir que depuis une vingtaine d'années maintenant, l'Algérie est devenue un territoire de prédilection de la fraude; en témoigne le nombre d'affaires de faux en écriture privée, de commerce et de banque et de faux dans des documents administratifs dont la justice se saisit au quotidien. Il fallait une intervention vigoureuse du gouvernement et celui-ci a pris ses responsabilités. Tous les chefs d'entreprise honnêtes ne peuvent qu'acquiescer à sa démarche, quelque inconvénient qu'elle occasionne sur le rythme des opérations commerciales. Last but not least, la circonstance que 95% des produits proposés au consommateur algérien proviennent de la contrefaçon était suffisante, à soi seule, pour justifier le coup d'arrêt donné aux importations sauvages, en attendant que deviennent opérationnelles les inspections de contrôle de la qualité et de la répression des fraudes aux frontières et la mise en place des laboratoires d'analyses des produits importés.
Le Pr A. Bouzidi, lors des Assises du FCE, a eu raison de soulever la question des dangers pour l'économie algérienne d'une croissance portée quasi exclusivement par les dépenses publiques. Pour des raisons sur lesquelles nous ne pouvons revenir ici, cette politique risque de creuser les déficits publics et sociaux en augmentant l'encours de la dette publique interne ainsi que la charge des intérêts, en cas de non-maîtrise de ses taux. Mais existe-t-il une autre alternative? Lorsqu'on examine le plan complémentaire de soutien à la croissance (2005-2009) puis le plan quinquennal (2010-2014), on observe que de la croissance des dépenses publiques, il est attendu un effet multiplicateur en vertu duquel l'augmentation importante de la dépense publique aura pour effet de stimuler l'ensemble de l'économie et par voie de conséquence, la richesse produite. Il s'agit de donner une traduction concrète à la célèbre formule: «Les investissements d'aujourd'hui font les profits de demain et les emplois d'après-demain.» A cet égard, l'inquiétude exprimée par certains observateurs quant à l'éventualité d'un retour à l'Etat providence ne nous semble pas fondée. En revanche, il y a indéniablement recours à un interventionnisme budgétaire qui ne se limite pas au financement des charges administratives mais prétend redistribuer les revenus et accroître les capacités de production. A ce stade, on fera l'observation suivante: il était certainement indispensable, compte tenu de la faible attractivité de notre pays pour les IDE dans le domaine des infrastructures, d'engager de grands investissements publics et également des investissements incorporels dans les Ntic ainsi que dans l'éducation et la santé des populations. Ceci dit, le décideur doit savoir que son interventionnisme budgétaire peut receler un effet d'éviction, au sens où il se traduirait par une insuffisante disponibilité de ressources suffisantes pour le secteur productif qui est un des moteurs de la croissance. Enfin, tout système basé sur la réallocation administrative des richesses modifie les incitations des agents économiques dans le sens de l'improductivité, travers entretenu par l'esprit de rente qui reste largement dominant dans les comportements des acteurs.
Quelle politique économique pour l'Algérie?
Pour justifier le contenu de la LFC pour 2009, le ministre des Finances avait annoncé, en son temps, la mise en place d'une stratégie d'industrialisation par substitution aux importations. Cette stratégie n'a pas encore été définie, mais on ne sache pas que le FCE, qui y est éminemment favorable, ait soumis son expertise au gouvernement. Quoi qu'il en soit, cette stratégie rencontrera au moins quatre limites, quel que soit le degré de volontarisme de ses concepteurs et le dynamisme de ses artisans.
1. L'ensemble des productions ne seront pas à la portée, ni technique ni financière des entreprises algériennes;
2. La dépendance technologique (dès maintenant) et financière (un peu plus tard) à l'égard de l'extérieur ne s'amoindrira pas;
3. Il existe des seuils de dimension industrielle, au-dessous desquels les productions ne seront pas garanties, d'où la question de savoir si le marché algérien est en mesure de devenir un débouché suffisant pour quelque industrie naissante que ce soit (automobile, électronique, etc.);
4. Devant la persistance d'un chômage qui est, par nature, structurel, il tombe sous le sens que les unités industrielles ne pourront absorber qu'une faible partie de la main-d'oeuvre (certainement la plus qualifiée), mais que ce mouvement sera impuissant à relancer l'activité économique globale.
Seule une stratégie industrielle par valorisation des exportations serait le remède idoine. Mais celle-ci devra lever quatre hypothèques:
a) De quels avantages comparatifs, comme souligné plus haut, dispose notre pays par rapport aux pays concurrents, dès lors que ni le facteur travail ni le facteur capital ne peuvent être exploités sans limites?
b) L'Algérie peut-elle se risquer à se spécialiser dans des secteurs susceptibles de devenir moins dynamiques dans l'avenir, notamment au regard de l'émergence des technologies vertes?
c) Quid du sort de nos exportations si les pays d'accueil connaissent une santé financière chancelante?
d) Quid d'une rétraction de la demande mondiale et d'une montée concomitante de tendances protectionnistes qui sont déjà à l'oeuvre, comme le montre le nombre de différends commerciaux soumis à l'organe de règlement de l'OMC?
Ce sont là d'immenses défis pour aujourd'hui et pour demain. Leur conjonction invite instamment le gouvernement et le FCE à un échange de points de vue, qui soit constructif, repose sur la confiance réciproque et ne prenne en compte que le seul intérêt des populations et des générations à venir.
(*) Professeur en droit des affaires
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