En l'espace de 24 heures, le FCE et le gouvernement ont avancé deux constats totalement contradictoires. Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Hamid Temmar, et le Forum des chefs d'entreprise (FCE) ne sont pas sur la même longueur d'onde. Deux visions diamétralement opposées sur la politique d'investissement. D'un côté, M.Temmar ne voit dans sa politique que du positif et rassure que tout va bien. De l'autre, les opérateurs économiques, angoissés par le climat d'investissements, lancent un SOS. Deux constats contradictoires sur un terrain commun établis en moins de 24 heures. Qui dit vrai? Intervenant, à partir de Londres, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements soutient que le Code des investissements algérien est plus compétitif que celui des pays voisins. «Le Code des investissements est certainement le plus compétitif, il n'y aucun doute là- dessus», a-t-il estimé hier, en live, sur les ondes de la Chaîne III. Sûr de lui et même convaincu, M.Temmar soutient qu'on ne peut pas offrir plus d'avantages que ce qui a été octroyé. «On ne peut pas accorder plus qu'il y en ait», a-t-il tranché en jugeant que ces avantages constituent de bonnes conditions. Le ministre vient, par là, ôter tout espoir concernant la modification des dernières mesures économiques introduites dans la LFC 2009. «Nous avons pris des décisions concernant les investissements directs pour lesquels nous demandons un certain nombre de possibilités», a-t-il rappelé en citant la participation au capitale à hauteur de 51% et 49%. Ces mesures, explique-t-il, visent à renforcer la stabilité sociale et économique. «Nous exigeons seulement maintenant que ces avantages soient donnés à ceux qui veulent travailler avec nous dans nos propres termes», a-t-il ajouté. Défendant mordicus la politique tracée, M.Temmar dit que l'Algérie est ouverte à l'investissement. «Je ne comprendrais jamais qu'on dise que notre pays est fermé. Nous vivons de l'exportation du pétrole, (...) nous importons 55 à 60% de notre consommation, notre système douanier est certainement un des plus rationnels au monde avec seulement 4 taux de tarifs douaniers qui font que l'Algérie n'est pas particulièrement protégée», a-t-il argumenté. Or, si c'est le cas, pourquoi les IDE ne représentent qu'un milliard de dollars en 2009? Le ministre a sans ambages imputé la responsabilité à la crise économique mondiale. «Il ne faut pas oublier que le monde est dans une situation extrêmement difficile. Nous devons bien comprendre que la crise, même si elle ne nous touche pas directement, reste une réalité menaçante», a-t-il dit. Cet argument est loin de tenir la route. Le son de cloche lancé avant-hier par les chefs d'entreprise donne froid dans le dos. Les inquiétudes affichées résument la partie immergée de l'iceberg. Lors d'une conférence- débat, tenue mardi dernier, les patrons d'entreprises ont brisé la glace en exprimant leur frustration quant au flou qui entoure l'environnement économique national. «Personnellement, je suis inquiet pour mes activités, inquiet pour l'économie du pays, mais également pour mon pays», a avoué le président d'honneur du FCE, Omar Ramdan qui relève l'absence de perspective et lisibilité. Réda Hamiani, président du FCE, lui aussi, a critiqué la mesure portant sur la participation au capital à hauteur de 51% et 49%. Pour lui, elle n'encourage guère l'investissement étranger. Des déclarations très graves qui viennent de remettre en cause toute la politique d'investissement prônée par le gouvernement. Pourtant, le Code des investissements a réhabilité et même avantagé les opérateurs nationaux. Si ces derniers se plaignent, que diront alors les étrangers? La sortie médiatique du FCE risque d'avoir un impact très négatif sur la promotion des IDE en Algérie. Celle-ci ne ménage pas du tout le gouvernement. Elle intervient au moment où le ministre de l'Industrie tente de séduire les Britanniques à venir investir en Algérie. Comme elle coïncide à quelques jours près avec les reproches faits, à partir de Crans Montana, par le ministre de Finances à l'Union européenne concernant la faiblesse des investissements. Ces contradictions démontrent, une fois de plus, le manque de consultation et l'absence de communication entre les concepteurs de la politique et les acteurs du terrain.