Les candidats auront le loisir de suivre le Mondial en toute quiétude. Seulement, la crédibilité de l'examen est en jeu. C'est le jour «J»! Aujourd'hui, les lycéens s'apprêtent à passer l'examen du baccalauréat. Le ministre de l'Education Nationale Boubekeur Benbouzid, l'avait promis. Promesse tenue. L'examen du Bac se déroulera, bel et bien, avant le début de la Coupe du Monde. A cinq jours du Mondial, plus de 498.000 candidats postulent pour le sésame qui leur ouvrira les portes de l'université. Sur ce total, le nombre des candidats libres dépasse le seuil de 89.000. Alors, l'intérêt porté au rendez-vous sud-africain prime-t-il la crédibilité du BAC? Une chose est sûre: les candidats auront tout le loisir de suivre le Mondial. Les épreuves prendront fin à deux jours du début de la plus prestigieuse des compétitions footballistiques. Ainsi, ils auront l'occasion d'effacer de leurs mémoires une année scolaire des plus agitées. Pour preuve, le retard scolaire accumulé est estimé à 5 semaines environ. Autrement dit, l'année a été amputée d'une bonne tranche du cursus scolaire. Ce retard est dû, essentiellement, aux mouvements de grève menés par les enseignants. La grève du 8 novembre 2009 a duré 21 jours. Celle du 24 février, presque deux semaines. Face à ces mouvements, le ministère a adopté la politique du bâton et de la carotte. Les carottes étant cuites, il s'en est référé à la justice pour déclarer la grève du 24 février illégale. Ainsi, des ponctions sur salaire ont été appliquées à l'encontre des enseignants grévistes. Pis encore, les menaces de licenciement pesaient lourdement sur leurs épaules. A cela s'ajoute le cafouillage de la rentrée scolaire de cette année. Les épisodes du tablier et du nouveau week-end sont encore vivaces dans les esprits. Pour combler ce retard, M.Benbouzid a trouvé la solution. Les sujets du BAC porteront uniquement sur les cours dispensés avant le 25 mai. Sur ce plan, le ministère a tout prévu, dans le moindre détail. Il n'est pas question de retenir un sujet dont le cours n'a pas été dispensé ne serait-ce que dans un seul établissement sur plus de 1600 lycées que compte le pays. Cette mesure suscite les appréhensions des enseignants. «Les futurs bacheliers auront le ticket pour entrer à l'université mais ils n'auront pas le niveau scolaire nécessaire pour poursuivre leur cursus», a déploré, hier, Mohamed Salem Sadali, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), joint par téléphone. Ce dernier a, également, mis l'accent sur la faiblesse du contenu des épreuves. Aussi, il a déploré la possibilité offerte aux élèves de choisir entre deux sujets. En plus, il a remis en cause l'efficience du prolongement de la durée des examens d'une demi-heure. «Tout cela, représente autant d'instruments sur lesquels le ministère compte pour atteindre le taux de réussite escompté», a signalé M.Sadali. Pour rappel, M.Benbouzid a déclaré à maintes reprises que son département tablait sur 50% de réussite au BAC. Cette prévision n'incite guère à la quiétude. L'année précédente, M.Benbouzid avait prévu un taux de réussite de 70%. Finalement, 45% des candidats, seulement, ont eu l'examen. C'est dire le flou qui entoure les prévisions de cette année. La crédibilité du baccalauréat est en jeu. Cela dit, le ministère a instauré une commission pédagogique indépendante composée de 32 inspecteurs. Elle sera chargée d'évaluer aux plans scientifique et linguistique les sujets d'examen du baccalauréat. Cette commission est «la seule référence académique apte à se prononcer» en cas de besoin, sur d'éventuelles erreurs se rapportant aux sujets d'examen. En outre, pas moins de 1420 centres abriteront les épreuves. Ainsi, les postulants seront répartis à raison de 25 candidats par salle. Auparavant, les salles accueillaient 20 candidats seulement. Par ailleurs, près de 85.000 enseignants sont chargés de surveiller les examens. En conséquence, le nombre de surveillants par salle est toujours fixé à trois. «L'augmentation du nombre des candidats dans les salles risque de favoriser le copiage durant les épreuves et de pénaliser les élèves qui se sont préparés pour le BAC», a averti Messaoud Boudiba, chargé de la communication au sein du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), joint hier par nos soins. Souhaitons bon courage et bonne chance aux candidats.