L'essentiel de la contestation des fonctionnaires du service public est animé par ces formations. Cependant, c'est l'Ugta qui récolte les dividendes de ce travail de fond. Preuve en est, le Snapap, l'Unpef, le Cnes, le Satef ainsi que les autres syndicats regroupés au sein de la Casa, n'ont pas été associés aux travaux de la bipartite qui se sont déroulés, hier, au Palais du gouvernement. L'essentiel de ces travaux s'est articulé autour du secteur de la Fonction publique. La revalorisation des indemnités, la révision du statut et les amendements des lois sociales constitueront des arguments qui vont renforcer la suprématie de la Centrale de Sidi Saïd, et couper ainsi l'herbe sous les pieds de ces syndicats autonomes. La lancée de l'Ugta ne s'arrête pas à ces augmentations assez conséquentes, puisqu'on annonce déjà, pour le mois de novembre, la tenue d'une tripartite gouvernement-Ugta-patronat où il y aurait la revalorisation des salaires de tous les fonctionnaires et du Smig national. Pour revenir à la bipartite d'hier, on peut considérer que la non-participation des syndicats autonomes constitue une erreur stratégique fatale, mais encore faut-il qu'ils soient invités par le gouvernement de Benflis? Sidi Saïd affirme avoir invité ses «rivaux» pour faire front au gouvernement. De leur côté, le Snapap et le Cnes ont apprécié différemment la rencontre d'hier. Pour le Snapap de Malaoui, elle constitue «un non-événement où l'Ugta fera entériner des mesures déjà ficelées à l'avance». Le Cnes, qui a reconduit sa grève, a dénoncé la rencontre. Dans la déclaration qui a sanctionné les travaux de son conseil national, le 1er septembre, il a relevé que «l'Exécutif gouvernemental continue de tourner le dos au pluralisme syndical et à traiter les dossiers sociaux en excluant les autres secteurs syndicaux». La non-association de ces syndicats à la bipartite traduit de manière claire la volonté des pouvoirs publics à bloquer l'émergence d'un syndicalisme effectif, d'une part, et l'entente tacite entre l'Ugta et le gouvernement, d'autre part. En conséquence, il faut s'attendre à une radicalisation déjà maximale du discours des syndicats autonomes. Un discours qui trouvera, peut-être, un écho surtout si la révision du statut de la Fonction publique est renvoyée à l'année prochaine.