M.Rasmussen, secrétaire général de l'Otan, n'a pas donné de détails sur ces conditions, ni sur la manière dont elles seront interprétées, district par district, province par province. L'Otan a fixé hier à Tallinn (capitale de l'Estonie) les conditions auxquelles elle procèdera au transfert progressif de ses responsabilités en matière de sécurité aux autorités afghanes, afin de permettre à terme le désengagement des troupes étrangères. «Nous nous sommes mis d'accord aujourd'hui sur l'approche qui permettra de lancer la période de transition» permettant ce passage de relais, a déclaré le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, à l'issue d'une réunion des chefs de la diplomatie alliés. «Nous avons décidé de la marche à suivre pour faire en sorte que les conditions soient remplies», et que le processus d'«afghanisation» puisse démarrer cette année, a-t-il ajouté. M.Rasmussen n'a pas donné de détails sur ces conditions, ni sur la manière dont elles seront interprétées, district par district, province par province. Il s'est contenté d'affirmer qu'«à partir d'aujourd'hui nous avons une feuille de route vers la transition». «La prochaine étape, a-t-il ajouté, sera l'adoption de cette démarche par la conférence internationale sur l'Afghanistan, prévue à la mi-juillet à Kaboul», dans le prolongement de celle tenue fin janvier à Londres. Puis, «le processus sera lancé d'ici au sommet de l'Otan prévu fin novembre à Lisbonne, au plus tard». En ouvrant la séance, M.Rasmussen avait estimé que «l'avenir de l'opération» conduite par l'Otan en Afghanistan était «clair et visible» et pouvait se traduire par «davantage de moyens et davantage de responsabilités du côté afghan». Les 46 pays de la Force internationale (Isaf) commandée par l'Otan -les 28 membres de l'alliance plus 18 autres- participaient à ces discussions à Tallinn. Le ministre espagnol Miguel Angel Moratinos a indiqué qu'il s'agissait surtout d'un «dialogue politique» destiné à enclencher une dynamique avant la conférence internationale sur l'Afghanistan, à Kaboul, à la mi-juillet. «Les questions plus spécifiques seront traitées» à Kaboul, a souligné le chef de la diplomatie espagnole. Dans le domaine civil, les ministres réunis à Tallinn ont évoqué l'aide multiforme dont l'Afghanistan aurait besoin bien au-delà de juillet 2011, quand le contingent américain porté cette année à 100.000 soldats -sur un total de 150.000 militaires étrangers- devrait commencer à diminuer. Selon un responsable américain accompagnant la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, il s'agissait «de veiller à un engagement civil à long terme là-bas, pas seulement le nôtre mais celui de la coalition de pays engagés, comme de pays qui n'ont pas de troupes sur le terrain, comme le Japon et d'autres». La coopération concerne des secteurs aussi variés que l'adduction d'eau, l'agriculture ou les services publics, le tout sous la supervision de l'ONU, dont le représentant à Kaboul était présent à Tallinn, ainsi que le chef de la diplomatie afghane, Zalmai Rassoul. Côté militaire, M.Rasmussen avait indiqué qu'il appellerait de nouveau ses interlocuteurs à trouver les 450 instructeurs encore nécessaires pour former l'armée et la police afghanes, en plein développement. «Le but ultime est bien sûr de confier les responsabilités» au gouvernement du président Hamid Karzaï, a-t-il dit. Pour autant, «il n'y aura pas de course vers la sortie» entre les pays de l'Isaf commandée par l'Otan. «Ce n'est pas le calendrier mais les conditions sur le terrain» qui seront décisives pour le succès de cette phase de transition. Il faut, pour qu'elle réussisse, que «les Afghans soient vraiment en mesure d'assumer les responsabilités», «d'où l'importance de la mission de formation» de l'Otan. Enfin, a-t-il noté, «les forces armées afghanes auront besoin encore longtemps d'une assistance technique».