Le 1er collectif maghrébin en Suisse sortira bientôt son 1er album, «Le Projet»... «Ils ont dit qu'on ne pouvait pas le faire, ils ont dit qu'on ne ferait pas l'affaire, ils ont dit qu'on était des casseurs, qu'on semait la terreur, qu'on était des voleurs et nous, on est là pour remettre les pendules à l'heure!» Une phrase lâchée comme un couperet, tel est le refrain d'un morceau extrait du 1er album intitulé Le projet du groupe Zginga, monté il y a à peu près un an et demi. Zginga, c'est «Faye», nom d'artiste de Fayçal, 29 ans, un Algérien qui a roulé sa bosse depuis qu'il a quitté son pays il y a 10 ans. Après l'Angleterre, c'est en Suisse qu'il a élu domicile. Rasto, 35 ans, après la Jamaïque, c'est destination Genève, idem. Le plus jeune du groupe et le dernier à l'avoir rejoint s'appelle Samir. Son père est Marocain et sa mère Espagnole. Les trois forment un trio d'enfer. Rasto, faut-il le préciser, est le 1er rastaman à avoir émergé en Algérie. On se souvient du morceau Ouach darou fina, le clip qui passait à l'époque dans Bled Music avec Kamel Dynamite et le trublion Farid le rocker. Samir évolue également dans une autre formation, la sienne, aux côtés du «Black» Mitchabo. Les deux musiciens possèdent déjà un album qui est connu en Suisse et intitulé D'une vie à l'autre. Faye versant dans le rap, hip-hop et chantant en arabe, Rasto dans le reggae, il fallait un 3e élément pour introduire une nouvelle touche, qui sache manier une autre langue. «On s'est dit que comme on est en Europe, on devrait s'exprimer en français, c'est là où on a fait appel à Samir». Les débuts de Zginga sont assez difficiles. Pas d'argent, il fallait donc travailler, collectionner les petits boulots dans un pays étranger et les mettre de côté pour entrer ensuite en studio. «On a commencé par faire du free style, s'exprimant sans musique». Les musiciens s'arment de patience, écrivent leur texte, vaille que vaille, et composent leur musique qui raconte la mal vie des immigrés et leurs déboires, la leur en fait. Cependant, leurs sujets se diversifient et touchent tout ce qui se rapporte dans le monde... «Comme des joueurs, on s'entraînait. Une fois entré en studio, nous avons enregistré notre 1er morceau Pour laisser tomber, partir et ne plus revenir». «On y évoque le départ d'un bateau, avec à son bord, des jeunes émigrés.» Zginga décide de se prendre en main et de financer son album, son Projet tant espréré, souhaité, caressé et rêvé...De fil en aiguille, ils en sont à leur 8e morceau. Reste à le finaliser et le peaufiner. Ce 1er opus sortira d'ici à décembre. Une autoproduction qui cherche une maison de distribution ici pour le faire connaître auprès du public. Parmi ses autres titres, on peut citer où va le monde maman, Kifach oualach aychin kilkbach, La jeunesse africaine...L'album aborde différents sujets, notamment les problèmes des émigrés en France, le racisme, le chômage, mais aussi la famine dans les pays pauvres, des sujets graves comme la guerre, l'Afghanistan, Kaboul, la tragédie du World Trade Center... Rasto, pour sa part, prépare un album en solo. Il a déjà en chantier deux titres: Le cauchemar et Plus t'en as, plus t'en veux. Trois albums en tout. Les deux groupes Zginga et Samir et Michtabo ont l'habitude d'animer des concerts ensemble. Ils ont assuré la 1re partie au Zénith (France) du groupe Eminem, animé le festival de musique en Suisse, Le Paleo. Ils figurent sur une compilation genevoise intitulée Gest list. D'ailleurs, une tournée est prévue, pour nos artistes, pour la promotion de ce CD. Beaucoup de concerts sont au programme, notamment à Lyon le mois prochain, en Suisse, Neuchatel, Lausanne, une participation à l'Expo 02, «comme on dit chez nous, la foire». Un site Internet est actuellement en préparation pour le public underground. «On aimerait toucher un large public, outre la Belgique, la Suisse, la France, l'Algérie et pourquoi pas, le Canada.» Faye nous fait cette révélation: «Nous venons de déposer plainte à la Sacem contre Youcef du groupe Intik pour vol de paroles.» Youcef était, nous apprend-il, danseur à l'époque où Rasto animait des concerts en Algérie. Les membres de Intik étaient ses danseurs. «Comme ils ont signé chez Sony, l'affaire va durer», estime-t-il. Nos musiciens-chanteurs possèdent deux clips tournés à l'étranger. «On aimerait bien qu'ils passent à la télévision algérienne», souligne Faye. Et d'affirmer enfin avec cette assurance digne d'un rappeur: «D'ici au mois de décembre ou janvier, le public saura qu'on est là!».