«Co-écrit par Olivier Lorelle et moi-même, Hors la loi retrace le parcours de trois frères dont la famille a été chassée et qui ont survécu aux massacres de Sétif en 1945. Ils se retrouvent ensuite en France et s'engagent dans la révolution. La bataille de Paris, qui oppose le FLN à la police française, va les broyer, les déchirer pour conquérir le droit d'être des hommes à part entière.» Confie, dans un entretien, le réalisateur Rachid Bouchareb dont le film Hors la loi a été sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes qui aura lieu du 12 au 23 mai prochain.Or, voila qu'un homme politique français s'en prend au film sans l'avoir vu. Le député UMP, Lionnel Luca, l'accuse en le qualifiant de «film révisionniste, une falsification de l'histoire»., il n'a pas mâché ses mots dans le journal français Nice Matin: «C'est un film qui revisite l'histoire et qui au lieu de pacifier les relations, va raviver les blessures (...) Bouchareb est un partisan, (...) un irresponsable qui met le feu aux poudres de manière insupportable», a-t-il déclaré. Ces accusations sont relayées aussi cette semaine, dans Paris Match. C'est bien cette tragique page de notre histoire qui s'est soldé par 45.000 martyrs dans plusieurs wilayas du pays, notamment à Sétif, Guelma et Kherrata qui est remise en cause par cet homme revanchard. Pourquoi s'acharne, t-on contre un film qu'on n'a même pas encore vu? Pour rappel, Hors la loi, qui a coûté plus de 20 millions d'euros a fait appel au tiercé gagnant d'acteurs, c'est-à-dire, Roshdy Zem, Sami Bouadjila et Jamel Debbouze. Pas moins de 8000 personnes figurent au casting dans cette oeuvre cinématographique dont les scènes ont été tournées dans plusieurs lieux de la capitale des Hauts-Plateaux algériens, mais aussi à Paris, en Thaïlande et dans les studios huppés du producteur tunisien Tarék Ben Ammar (Carhago Films). 63 ans après, les douloureux événements du 8 mai 1945 n'ont toujours pas été divulgués. Pourquoi alors voudrait-on les laisser éternellement sous silence, bâillonner l'histoire et non pas la partager dans le respect des échanges. Rachid Bouchareb au long parcours et à la riche carrière n'a rien à prouver cependant, c'est pourquoi, son producteur et lui ont refusé de soumettre le 19 avril dernier une copie du film au secrétaire d'état français à la défense et aux anciens combattants, Hubert Falco. Car seuls les membres du jury, sont aujourd'hui habilités à juger de la qualité du film, le 21 mai prochain, jour de sa projection où en foulant le tapis rouge du Palais, Rachid Bouchareb restituera la fierté à ces milliers d'algériens tombés au champs d'honneur et dont la mémoire sera enfin réhabilitée grâce à ce film-témoignage. Soulignons enfin, que Rachid Bouchareb possède à son actif de nombreux oeuvres primées. On citera à titre d'exemple, bâton rouge qui a décroché en 1985, le grand prix du Festival d'Amiens. En 1991, lors du Festival de Cannes, Cheb a valu à Rachid le prix du public avec mention spéciale. London River lui a valu à son acteur, feu Sotigui Kouyatéi l'Ours d'argent, Prix de la meilleure interprétation masculine au Festival de Berlin en 2008. Gageons que Hors la loi suivra sur la même lancée en recevant un prix à Cannes 2010 après celui du prix collectif d'interprétation masculine dans Indigènes à Cannes en 2006.