Plus de suspens autour du dernier né, " Hors la loi " de Rachid Bouchareb ! cette superproduction qui a coûté la bagatelle de 19,5 millions d'euros sera en compétition officielle à la 63e édition du Festival international du cinéma de Cannes. La liste des films en compétition a été rendue publique jeudi à Paris. C'est la deuxième fois que le réalisateur algérien participe à la plus grande fête du cinéma au monde. En 2007, l'auteur de " Cheb " participait à Cannes avec son mémorable " Indigènes " et a même raflé des prix d'interprétation masculine pour Djamel Debbouz et Samy Naceri, époustouflants dans le film. Cannes 2010 est prévu entre le 12 et le 23 mai prochain et sera marqué par la participation de quinze longs-métrages de diverses nationalités qui brigueront la prestigieuse Palme d'Or, décernée au meilleur film ainsi que les autres prix comme ceux de l'interprétation masculine et féminine entre autres. "Hors la loi", une coproduction algéro-française, s'inscrit dans le prolongement du film "Indigènes", consacré à la participation de soldats des anciennes colonies françaises au deuxième conflit mondial. Le premier coup de manivelle de ce film a été donné l'an dernier dans la ville de Sétif. L'avant-première de ce film n'aura pas lieu à Sétif comme l'avait promis son réalisateur, ça sera Cannes d'abord! D'une durée de 2h30, ce long- métrage est selon le réalisateur " une des plus grosses productions maghrébines et africaines, d'autant plus qu'elle est dotée d'un budget de 19,5 millions d'euros. Cette co-production algéro-franco-belge est soutenue par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et Khalida Toumi, ministre de la Culture. " soulignera le cinéaste ajoutant que le scénario est coécrit par Olivier Lorelle et lui-même. Comme le film fait suite à Indigènes, il s'agira ainsi de rétablir une vérité historique se rapportant aux événements sanglants du 08 mai 45 qui a coûté la vie à des milliers d'algériens qui manifestaient pour l'indépendance. " Indigènes " qui a été vu par Jacques Chirac, l'ex-président français, avait permis de réparer une injustice subie par les anciens combattants indigènes, lesquels ne percevaient que 5 ou 10 euros par trimestre. Le chef de l'Etat, qui n'est pas resté insensible devant le sacrifice de plus de 150 000 algériens, a usé de tout son pouvoir pour qu'une loi soit votée à cet effet. Toujours dans le registre de l'histoire et de la politique, " Hors la loi retrace en fait le parcours de trois frères dont la famille a été chassée et qui ont survécu aux massacres de Sétif en 1945. Ils se retrouvent ensuite en France et s'engagent dans la Révolution. La bataille de Paris, qui oppose le FLN à la police française, va les broyer, les déchirer pour conquérir le droit d'être des hommes à part entière. " annonce encore le cinéaste qui veut à travers le cinéma, " mettre la lumière sur une partie de l'histoire commune des deux nations". Rachid Bouchareb a choisi les mêmes comédiens que dans Indigènes à savoir les têtes d'affiches françaises tels Djamel Debbouz, Samy Naceri, en plus de Roschdy Zem, Sami Bouadjila, Larbi Zekkal, Ahmed Benaïssa, Chafia Bouadraâ et Mourad Khan, qui seront aux côtés de 2 000 figurants ! Rien que ça ! Le tournage a eu lieu respectivement à Sétif, Kherrata, en France et en Allemagne. Le dossier des événements du 8 Mai 1945 est l'un des plus importants sujets de discorde entre l'Algérie et la France qui refuse toute idée de repentance. Les projets de Rachid Bouchareb dont le dernier film London river a été diffusé en 2009 en exclusivité sur Arte, n'en resteront pas là. Le cinéaste prépare une trilogie qui traite de la relation entre les Etats-Unis et le Monde musulman en général, et arabe en particulier. " Je vais, à travers trois films, traiter, à ma façon, les relations entre les USA et le Monde arabe. Deux films seront tournés en Amérique. Les péripéties du troisième se dérouleront au Moyen-Orient. Ce gigantesque projet est presque ficelé, d'autant plus que deux scénarios sont achevés. " a t-il soutenu.