La Franco-Algérienne Isabelle Yasmine Adjani, est actuellement l'hôte de l'Algérie où elle se prépare à tourner dans le nouveau film du réalisateur algérien Rachid Benhadj. «La reine Margot» est l'invitée du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, laquelle séjourne loin des regards indiscrets et le brouhaha des hôtels, dans une résidence dont on ignore l'adresse. Le tournage qui devait commencer il y a quelque temps, n'a démarré que cette semaine, pour ainsi dire, lundi dernier à Bouzaréah, plus particulièrement, au quartier le Puis des zouaves, où les préparatifs vont bon train et où le «matos» n'en finit pas d'être installé. Ce nouveau long métrage de Rachid Benhadj met en scène Karima alias Isabelle Adjani, une célèbre photographe algérienne qui vit à Paris depuis plusieurs années et est obligée de rentrer précipitamment à Alger pour assister à l'agonie du vieux patriarche contre lequel elle s'était révoltée il y a 20 ans de cela. Elle avait rompu tout contact avec lui. Ce retour forcé parmi ceux qui l'ont vu naître et grandir, sa famille qui l'avait quittée pour échapper à cette dépendance, une oppression paternelle va réveiller en elle ce passé douloureux où, dans les jardins de la maison familiale, eut lieu jadis le drame...La mémoire convoquée, Karima sera amenée, petit à petit, à renouer avec ses racines et la terre de ses origines. Entre joie, mélancolie et amertume, Karima dénouera le fil de son histoire par ce retour aux sources. Apprentissage de soi pour une quête de bonheur et de liberté. Parfums d'Alger semble être écrit sur mesure pour notre belle Isabelle Adjani, elle qui tend à reprendre doucement le chemin vers sa terre paternelle. Isabelle Adjani n'avait pas hésité en effet, cet été, à répondre présent lors de la tenue de la seconde édition du Festival panafricain où, lors de la soirée d'ouverture, debout au milieu de la scène de la Coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf, elle avait ému plus d'un par sa lecture d'un texte de Frantz Fanon. De nouveau à Alger, l'actrice observe actuellement encore aujourd'hui, la discrétion la plus totale. Lors du Panaf, «Camille Claudel» n'avait accordé bizarrement aucun entretien, ni à la télé, ni à la presse. On se souvient de ce fameux épisode de mai 1983, où elle provoqua un tollé parmi les photographes à Cannes les poussant à commettre une grève en plein Festival de Cannes après avoir annulé sa présence à la conférence de presse de L'Eté meurtrier de Jean Becker puis après s'être refusée au jeu des photographes. Durant la montée des marches par l'équipe du film, les appareils et téléobjectifs seront posés au sol et les professionnels tourneront le dos à la star. Cette icône, cependant, qui n'en fait qu'à sa tête, prend la peine de sortir de l'ombre quand cela s'avère être des plus nécessaires pour rétablir la vérité sur elle (fâcheux épisode ou l'on a cru qu'elle était atteinte du sida). Isabelle Adjani, pour rappel, s'est rendue en 1988 en Algérie et participa à un meeting sur le campus de Bouzaréah, à la veille du référendum proposé par le président Chadli Bendjedid, afin de «soutenir la naissance d'une démocratie». Lors de la présidentielle française de 1988, son nom ayant été utilisé pour la campagne de Jacques Chirac, elle intervient sur TF1 pour dire qu'elle ne soutient personne. En 1999, elle refusera de se rendre à l'Elysée pour la réception du Président Abdelaziz Bouteflika. En 1997, elle soutient la manifestation parisienne «Pour la paix en Algérie», et donne une interview retentissante où elle gagne l'affection du peuple algérien, titrée en une du Figaro: «L'Algérie m'empêche de dormir, et vous?» Avec sa participation au film de Rachid Benhadj, Isabelle Adjani s'engage clairement auprès de son pays en jouant dans ce film fort qui promet à la comédienne une belle réconciliation avec sa double identité. Rachid Benhadj est de nouveau sous les feux des projecteurs. C'est en 2005 que nous avions eu de ses nouvelles, via cette avant-première mondiale à Alger de son émouvant film Le Pain nu. Une adaptation cinématographique du romancier marocain Mohamed Choukri, avec Saïd Taghmaoui. Le discret Rachid Benhadj qui vit actuellement en Italie compte à son actif quelques longs métrages: Touchia qui obtient en 1994 le Prix du public au 4e Festival du cinéma africain de Milan, mais aussi Mirca, une fable sur l'innocence de l'enfance dans les Balkans. Il est également professeur de réalisation dans une école à l'Académie de Cinecittà Act Multimedia à Rome. Soutenue par le ministère de la Culture, Parfums d'Alger est une production algéro-franco- italienne avec le concours des studios Carthago- films du tunisien Tarek Ben Amar. Ce long métrage est, par ailleurs, produit par Madani Merabai de Net Diffusion, côté algérien. Niveau casting, on relèvera les noms des comédiens Biyouna et Hmed Benaïssa notamment. Un film qui fera assurément beaucoup parler de lui. Souhaitons bonne chance au réalisateur!