Dans sa note, le département de Medelci informe que les contacts des diplomates au niveau local ne seront plus tolérés. Les chancelleries diplomatiques à Alger sont en état d'alerte. Dans la note adressée par le ministère des Affaires étrangères, le 1er avril dernier, il est fait état d'un sentiment d'insatisfaction et de mécontentement. Dans ce document, le département de Medelci a rappelé à l'ordre les ambassades et les organisations internationales sur leur ligne de conduite. Ainsi, de nouvelles dispositions concernant leurs activités en Algérie ont été arrêtées. Le ministère précise que les contacts des chefs des missions diplomatiques étrangères accréditées à Alger doivent être pris exclusivement avec les directions nationales des partis politiques et des organisations nationales. «Aucun contact au niveau local ne sera désormais toléré», précise la note. Le département de M.Medecli rappelle que toute proposition de coopération étrangère avec l'Algérie doit impérativement être soumise, au préalable, directement, au ministère des AE. «Toute autre initiative qui tenterait d'être engagée directement serait considérée comme un manquement aux devoirs des missions diplomatiques et consulaires et des représentations des organisations internationales», avertit le MAE. Ce n'est pas tout. Il est précisé dans le document que «les visites de travail des membres diplomatiques à l'intérieur du territoire algérien doivent être organisées en relation avec les services compétents du ministère». Les auxiliaires diplomatiques ne pourront plus entrer en contact avec des responsables locaux au niveau des régions du pays. «Hormis les chefs de missions diplomatiques (ambassadeur, consul, chef de mission économique Ndlr), les visites de travail des membres des ambassades ne seront plus tolérées, à l'exception de celles en rapport avec leurs ressortissants ou des entreprises de leurs pays», a clarifié le MAE. En dernier, et en cas de visite privée dans une région, les chefs de missions diplomatiques n'auront pas le droit d'effectuer une visite de courtoisie chez le wali. «Toute visite privée des chefs de missions diplomatiques et des représentations des organisations internationales et de leurs membres devra suivre la procédure habituelle et conserver son strict caractère privé», précise encore la note du ministère. Ces nouvelles dispositions provoquent beaucoup de remous au niveau des chancelleries étrangères. «Nous ne comprenons pas pourquoi le ministère restreint l'activité des chancelleries», affirme une source diplomatique, qui ne cache pas sa déception. «C'est contraignant pour les chefs de missions diplomatiques car, on ne peut pas être constamment sur le terrain», explique la même source. Elle estime que les ambassades développent des centaines de projets à caractère culturel, économique à travers le pays, et l'ambassadeur ne peut pas, lui seul, superviser toutes ces opérations. Même constat établi par un autre représentant diplomatique, dont le pays fait partie de l'Union européenne. «Cette note est très embêtante car seuls les chefs de missions diplomatiques ou consuls pourront établir des contacts et effectuer de visites en dehors d'Alger», déplore notre source. Tout en se montrant compréhensif avec la position des AE, notre source précise que ces dispositions risquent de pénaliser l'action des chancelleries pour l'Algérie. «Les contacts sur le terrain sont indispensables pour le développement de la coopération», ajoute notre source qui ne dissimule pas sa déception. Alors que plusieurs actions culturelles sont organisées en collaboration avec les universités et des directions régionales, cette note risque de compromettre tous ces projets. «C'est une grande perte pour l'activité culturelle», affirme notre source en précisant qu'en vertu de cette disposition, les chefs de services culturels ne peuvent pas activer en dehors d'Alger. Ce diplomate est allé loin dans son analyse en s'interrogeant: «Je ne comprends pas pourquoi on limite l'activité du personnel diplomatique à l'intérieur du pays alors que le gouvernement s'est fixé comme objectif le développement économique des régions.» Un avis partagé par différentes chancelleries contactées par nos soins. Qu'ils soient de l'Union européenne ou non, les représentants diplomatiques trouvent que ces dispositions vont compliquer davantage leur mission en Algérie. Ces derniers ne comptent pas garder le silence et pensent interpeller le département de Medelci. Les pays membres de l'Union européenne ont, dit-on, fait part de leur mécontentement auprès de Bruxelles. Selon une source, l'ambassade d'Espagne, qui assure la présidence de l'Union européenne, a demandé une audience auprès du service du protocole du ministère des AE pour plus de clarifications. Enfin, dans sa note, le département des AE souligne que ces mesures ont été prises suite à de nombreux manquements aux obligations de réserve et des dépassements relevés, par rapport aux dispositions desdites conventions de Vienne, dont font preuve certaines missions diplomatiques lors des déplacements de leurs membres dans les wilayas du pays.