Ils sont issus de la même région, mais appartiennent à différentes cultures et traditions. Eux? Ce sont les jeunes musiciens de Etran Finatawa. Créé il y a quelques années, ce jeune groupe est constitué de musiciens touareg et d'autres wodaabé. En concert à Alger, jeudi dernier, ces jeunes musiciens ont enflammé la salle Cosmos de Riad El Feth. D'ailleurs, ils ont été rappelés, à deux reprises pour remonter sur scène. Alhousseïni Mohamed Anivolla le guitariste touareg du groupe est revenu, le temps d'un entretien, sur les débuts de ce groupe original et sur ses futurs projets. L'Expression: Dans cette formation, il y a des musiciens touareg et wodaabé, comment s'est faite la rencontre entre vous? Alhousseini Mohamed Anivolla: Les Touareg et les Wodaabe sont des peuples nomades. Ils vivent côte à côte et dans la même région. Ils ont également les mêmes préoccupations. Au début, il s'agissait de deux formations différentes. Un groupe touareg et un autre wodaabe. La rencontre s'est faite lors du Festival du désert au Mali. Quand on a su que nos deux groupes ont été invités, on a décidé de faire quelque chose ensemble. Et c'est ainsi qu'on a composé deux chansons. Mais chacun avait son programme dans cette manifestation. Donc à la fin, on s'est retrouvés pour présenter les deux chansons qu'on a composées avant de partir au Mali: Anajibo, Sorbajo. C'est ainsi que Etran Finatawa a vu le jour. En fait, quelle est la signification de Etran Finatawa? «Etran» c'est en tamasheq, et cela veut dire les étoiles. Finatawa c'est en wodaabe et veut dire, la tradition. Donc Etran Finatawa, c'est les étoiles de la tradition. On lutte pour la réappropriation de notre identité, de nos traditions. Il ne faut pas que les gens délaissent leur culture et leurs traditions, c'est l'exemple que notre groupe voudrait donner. Appartenant à des cultures différentes, est-ce que vous avez trouvé des difficultés à travailler ensemble? Au début, c'était un peu compliqué vu qu'on a des langues et des traditions différentes. Mais on vient tous du désert. C'est le point qu'on a en commun. On a cherché à faire des choses ensemble et ça a marché. Toutefois, on a rencontré de nombreuses difficultés à cause du manque de moyens. De qui vous vous sentez le plus proche sur la scène musicale africaine? Il y a le groupe malien de Tinariwen (les déserts) et bien évidemment Athmane Bali. Mais notre musique reste très différente des autres. Les thèmes qu'on aborde sont liés à nos traditions, au désert, à notre culture, aux changements de la vie... C'est la première fois que vous venez en Algérie, quelles sont vos impressions? En effet, c'est notre premier concert qu'on donne en Algérie. Il y a une certaine ambiance ici. Je ne me sens pas du tout étranger ou même dépaysé. On a beaucoup de points en commun. Et là, je me sens vraiment chez moi. Des projets en perspective? Actuellement, on est en train de préparer un nouvel album. Il sortira probablement en 2011 ou bien en 2012. Les textes de ce nouvel opus abordent la question de l'éducation dans notre pays. Dans pratiquement toutes les écoles publiques, on n'enseigne que le français, alors que nous avons nos propres langues. A travers ce nouvel album, on veut toucher les gens pour qu'ils prennent conscience de la situation. Même si on étudie le français, l'anglais, ou encore l'espagnol, nos enfants doivent apprendre leurs langues d'origine. Cela fait partie de notre identité. Pour ce qui est des tournées, le 7 mai, on a un concert au CCF au Niger. On a programmé également une tournée dans les écoles pour sensibiliser les élèves concernant les traditions, la culture..