Une plate-forme de formation, de réalisation et de production audiovisuelles dont le lancement est prévu pour le mois de septembre. Katia Kameli est une jeune vidéaste algéro-française installée en France et ayant déjà eu à travailler en Algérie dans le cadre du projet «Bladi in progress». Celui-ci a remporté un franc succès. L'artiste est revenue cet été, pour présenter au Panaf, dans le cadre d'une grande exposition liée à l'art africain contemporain, une vidéo intitulée «Dislocation». Une sorte de mise à nu de l'artiste qui tend toujours à exprimer sa personnalité via son art, en somme, sa propre dislocation. Vu sa double identité, celle-ci devient triple par ce mélange qui confère à notre vidéaste un regard neuf sur le monde et une sensibilité à part entière. Un troisième espace qu'elle privilégie et qui est la base de ses créations artistiques. «Dans cette vidéo, c'est mon histoire qui est racontée. Elle est sous-tendue par un espace qui grandit dans une espèce d'entre-deux, avec la conscience que cet espace génère une pensée différente, riche. Cela englobe aussi toute la complexité de l'Algérie. Une Algérie aussi contradictoire, qui se veut être moderne tout en étant attachée à ses traditions», nous a-t-elle confié au mois de juillet dernier. Revenue à Alger pour quelques jours, Katia Kameli est à la recherche de financements pour lancer son nouveau projet «Trans-Maghreb», une plate-forme de formation, de réalisation et de production audiovisuelles. Le projet est initié par les associations Belle-Ville (France) et Project'heurts (Béjaïa/ Algérie). «Grâce à l'intervention de professionnels et à la mise à disposition d'une plate-forme technique, ´´Trans-Maghreb´´ sera l'opportunité pour de jeunes Algériens, Marocains et Tunisiens, d'une véritable expérience de réalisation», fait remarquer la jeune artiste. Après un appel à projet lancé il y a quelques mois, Katia Kameli a reçu soixante quinze scenarios, en provenance principalement d'Algérie eu égard à sa bonne réputation, mais aussi de la Tunisie et du Maroc. Apres «Bledi in Progess» lancé en 2006-qui a vu la confirmation, des années après, de plusieurs réalisateurs algériens- Katia Kameli décide d'élargir son champ d'action et son choix va vers le Maghreb. En effet, «Trans-Maghreb» sera le second atelier vidéo organisé en Algérie. Déjà en 2006, l'association Belle-Ville avait permis à de jeunes Algériens de participer à l'atelier «Bledi in Progress». L'idée de ce premier atelier est née du constat du manque de moyens audiovisuels et d'opportunités, qui contraste avec le désir d'expression. Il a permis à des jeunes d'acquérir les techniques de vidéo professionnelle et de développer leur regard. Cette première résidence «Bledi in progress» a permis ainsi la production et la réalisation de cinq films, à savoir, Baloon d'Abdelkader Ensaad, Babel de Khaled Benaïssa, Les baies d'Alger de Hassen Ferhani, Prends le bus et regarde d'Amina Zoubir et Le tombeau de la mémoire de Guyslane Cherffedine. Les films cités ont tous trouvé une visibilité dans de nombreux festivals (Tanger, Clermont-Ferrand...) et expositions internationales. Mais avant tout, cet atelier a modifié les perspectives de la majorité des participants. Depuis Khaled Benaïssa a participé à la Femis d'été, il a réalisé d'autres films et monté sa société de production à Alger. C'est suite à cet atelier que sa passion pour le cinéma s'est affutée. Khaled a, depuis, réalisé un nouveau court métrage, Sektou qui a reçu une dizaine de prix à travers le monde. Hassen Ferhani a lui aussi fait la Femis d'été et étudie maintenant à l'Ecole de cinéma libre à Paris. Amina Zoubir a participé depuis, à plusieurs expositions, elle a réalisé de nouvelles vidéos et a obtenu avec mention un Master en Nouvelles images à l'université de Paris VIII. Pour cette nouvelle édition, le projet «Trans-Maghreb» tend vers plus d'ouverture, et ce, via une circulation et une collaboration effectives entre les trois pays d'Afrique du Nord. «L'expérimentation mise en place à Alger sera développée et déployée à plus grande échelle. Il s'agit aujourd'hui de décloisonner ce projet franco-algérien et de l'ouvrir à l'ensemble du Maghreb, de dynamiser les échanges culturels et artistiques entre ces pays limitrophes.» «Trans-Maghreb» porte symboliquement le nom de l'autoroute en construction qui desservira le Maroc, l'Algérie et la Tunisie, confie Katia Kameli. Et de souligner: «Il nous importe que le projet aide à construire le regard de jeunes réalisateurs, que celui-ci appartienne à la fiction, au document ou à la poésie.» Pour notre artiste vidéaste il est impératif, voire indispensable que l'Algérie participe au financement et prenne part à la construction de ce projet, qui se veut fédérateur d'une foule d'énergies algériennes avant tout, avec comme objectif de donner un souffle nouveau au cinéma algérien et... méditerranéen. Katia Kameli prévoit d'entamer le workshop à la mi-septembre, soit après le Ramadhan. Les candidats sélectionnés seront invités à participer à un workshop d'un mois à Alger. Ce workshop ce déroulera en trois étapes: la réécriture des scénarios, le tournage, le montage. Une équipe d'intervenants professionnels accompagnera la réalisation des projets retenus. Quatre à cinq participants algériens ayant proposé un scenario /projet non retenu, participeront à cet atelier comme assistants afin qu'ils puissent bénéficier des connaissances techniques apportées par les intervenants. Ils seront chargés de réaliser le making off de Trans-Maghreb. Pour l'instant, l'artiste Katia Kameli est dans la phase critique du projet, à savoir rechercher des financements pour lancer son nouveau projet. A soutenir absolument!