Depuis des mois, Téhéran a ignoré toutes les propositions de dialogue, a dit le porte-parole du département d'Etat, rappelant l'offre internationale de faire enrichir l'uranium iranien à l'étranger. La volonté américaine de sanctionner l'Iran pour son programme nucléaire paraît plus inflexible que jamais, après une semaine marquée, selon Washington, par des occasions manquées de dialogue. Le discours aux Nations unies du président Mahmoud Ahmadinejad lundi? Le dîner inattendu offert, jeudi, par le ministre iranien Manouchehr Mottaki aux membres du Conseil de sécurité? «Opportunités ratées», a jugé Philip Crowley, le porte-parole du département d'Etat. L'Iran, a-t-il martelé, ne répondra qu'à «une pression importante», et les Etats-Unis veulent des sanctions «dans les semaines à venir». Depuis des mois, Téhéran a ignoré toutes les propositions de dialogue, a-t-il dit, rappelant l'offre internationale de faire enrichir l'uranium iranien à l'étranger, que la République islamique avait rejetée en février. «L'Iran a eu une opportunité cette semaine avec le président Ahmadinejad, avec le ministre des Affaires étrangères, Mottaki», a insisté le porte-parole, «et nous n'avons littéralement rien entendu de nouveau». L'invitation à dîner est tout au plus «un signe que l'Iran est assez inquiet», a supposé de son côté, Anne-Marie Slaughter, l'une des plus proches collaboratrices de la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton. Washington a aussi accueilli avec un scepticisme poli, mais très net, les efforts du Brésil pour parvenir à un accord de dernière minute avec l'Iran. La «double voie» du dialogue et des menaces de sanctions reste théoriquement ouverte, après de longs mois d'impasse. Mais l'administration a déjà prévenu que la proposition d'échange d'uranium, si elle était finalement examinée par Téhéran, devrait être «actualisée» pour tenir compte de l'accroissement du stock iranien de combustible nucléaire depuis que l'offre a été présentée en septem-bre 2009. Le président Barack Obama est persuadé que les efforts iraniens pour acquérir la bombe atomique vont, s'ils réussissent, provoquer une course régionale incontrôlable aux armements nucléaires. La diplomatie américaine, aidée par les Européens, travaille donc d'arrache-pied à convaincre les autres grandes puissances que les activités nucléaires de l'Iran ne sont pas seulement civiles. Mais cette semaine, profitant de la tribune des Nations unies, l'Iran a assorti son démenti classique d'une contre-attaque diplomatique en règle. Mahmoud Ahmadinejad a été le seul chef d'Etat -avec celui du Timor-Oriental- à se déplacer à la conférence de suivi du Traité de non-prolifération (TNP). Il y a demandé qu'un organe indépendant fixe une date butoir pour l'élimination de toutes les armes nucléaires. Une idée qui pourrait faire mouche auprès des pays non-alignés, qui reprochent aux Etats nucléaires de ne pas avoir suffisamment désarmé. Il a aussi réclamé la suspension des Etats-Unis de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'organe onusien chargé de réglementer les activités nucléaires dans le monde. Le président iranien essaie de détourner la conférence du TNP, a répliqué Hillary Clinton à l'ONU. C'est parce que l'Iran est «le seul pays» actuellement en violation de ses obligations découlant du Traité, a-t-elle plaidé, que ce pays «fait face à un isolement et à des pressions croissantes». Le Conseil de sécurité de l'ONU a déjà sanctionné trois fois l'Iran pour ses activités d'enrichissement d'uranium. Les Etats-Unis ont soumis à leurs partenaires une 4e résolution, en cours de discussion à huis clos. L'inconnue demeure la nature et, surtout, la force des sanctions qu'accepteront les membres du Conseil de sécurité, en particulier la Chine.