«Tel père, tel fils» comme le dit bien le proverbe. Jeune et ayant le sens de la communication, Meziane évolue sur les traces de son père, l'illustre opérateur Areski Idjerouidène. Dans cet entretien, le directeur général d'Aigle Azur développe, avec modestie, l'exploit réalisé par la compagnie. Il explique comment se prépare la compagnie pour la saison estivale et le Mondial en Afrique du Sud. Ecoutons-le: L'Expression: En prévision de la Coupe du Monde en Afrique du Sud, avez-vous prévu un programme spécial pour cet événement? Meziane Idjerouidène: Tout d'abord, je tiens à préciser que la compagnie Aigle Azur est un partenaire de l'Equipe nationale. Cela ne date pas d'aujourd'hui évidemment. Nous sommes partenaires du capitaine d'équipe Yazid Mansouri. Nous venons de lancer une campagne publicitaire, c'est notre façon d'exprimer notre soutien à l'équipe algérienne. En plus de l'équipe nationale, la compagnie sponsorise plusieurs clubs algériens. Concernant l'événement du Mondial, effectivement, nous avons demandé une autorisation pour la desserte en Afrique du Sud. Certes, vu la taille de nos avions nous ne pouvons pas faire des vols directs sans escale. Cela dit, nous avons pris toutes les précautions pour transporter les fans du foot et les supporters des Verts dans les meilleures conditions en leur assurant le confort possible. Je dois dire également que la demande n'est pas aussi importante actuellement. Des places sont encore disponibles chez les autres compagnies. Il ne faut pas oublier que c'est un déplacement difficile et le coût du billet revient quand même cher pour les personnes. La saison estivale est à nos portes. La compagnie a-t-elle programmé des dessertes supplémentaires pour répondre à la forte demande? Comme vous l'avez bien souligné, en raison de la forte demande, nous avons ouvert les réservations pour la période estivale le 7 février dernier. Et même, nous avons proposé des tarifs les plus bas possibles, soit moins de 300 euros. Pourquoi avons-nous ouvert très tôt? C'est en raison du mois de Ramadhan qui interviendra au début du mois d'août. Nous avons constaté qu'il y a un chamboulement des allers-retours. Les grands départs de France sont concentrés vers le 25 juin et les retours d'Alger en août avec la rentrée. Pour le mois de Ramadhan et afin de permettre aux émigrés de le passer en famille, nous avons programmé des promotions de 199 euros le billet aller-retour. Je dois dire que c'est la première fois dans l'histoire que des promotions sont lancées durant la saison estivale. La politique tarifaire a un rôle majeur si nous ne sommes pas actifs en la matière. Cette politique de promotion tarifaire permet en quelque sorte d'équilibrer nos pertes à longueur d'année. Avec cette politique, l'idée de voyager a changé. Que ce soit à partir d'Algérie ou de France, les gens voyagent au courant de toute l'année surtout avec les vacances de Pâques, les fêtes traditionnelles de l'Aïd. Les promotions lancées à 19.000 dinars Alger-Paris et 14.000 DA Alger - Marseille ont été très profitables. Les clients n'arrivaient pas à y croire au début. Pour répondre à la demande estivale, nous avons programmé une augmentation de 25% de sièges en plus de l'offre de base. La crise du volcan islandais, vécue récemment, a été désastreuse pour le trafic aérien. Quel a été l'impact sur votre compagnie? Sincèrement, je ne peux pas m'avancer sur ça. L'évaluation de l'impact financier n'étant pas encore achevée, elle est en cours. Par contre, ce qui ressort, c'est la mobilisation importante de tout le personnel de la compagnie pour rassurer les clients. C'est une expérience pour la compagnie car il n'en y a jamais eu auparavant. Devant la situation de paralysie, nous avons décidé, après consultation, de lancer un vol-test. On ne pouvait pas rester immobile sans réagir. D'ailleurs, nous avons consacré un avion tout neuf, le 319 qui n'a jamais survolé. C'est suite à ce test que nous avons pu reprendre notre activité. Ce que je déduis de cet épisode, ce n'est que dans les moments difficiles qu'on découvre ce qu'on a dans le ventre. Certes, les conséquences étaient désastreuses, mais nous avons réussi à faire face et satisfaire notre clientèle. Vous avez fait le choix de la destination Algérie depuis plusieurs années. Que représente pour vous cette destination? Effectivement, c'est une destination importante pour nous. Cela fait plus de huit ans que nous opérons dans ce pays. Des dessertes sont assurées entre plusieurs villes françaises et algériennes. Il n'y a pas que les grandes villes. Pour nous, toute l'Algérie est capitale. Aigle Azur assure la ligne Marseille-Chlef, Mulhouse-Oran, Mulhouse- Sétif et bientôt, la ligne Lille-Tlemcen sera opérationnelle. L'inauguration est prévue le 14 juin prochain. Donc, au total, nous opérons sur 13 aéroports. Comme nous desservons également le Sud: Tamanrasset et Djanet qui sont des lignes rentables. Sur le Sud, notre clientèle est constituée que d'étrangers. Ces dessertes répondent aux besoins des clients et à la concentration de la communauté algérienne établie en France. Le fait de réduire les distances est très important pour le client qui cherche toujours après la facilité de déplacement. Notre stratégie, c'est la proximité et le rapprochement des cultures. D'ailleurs, nous avons introduit des annonces dans les quatre langues, à savoir anglais, français, arabe et tout récemment en tamazight. Comme nous tenons toujours à faciliter davantage la tâche aux clients en coordonnant notre relation avec les agences de voyages. L'ouverture du ciel algérien n'est toujours pas à l'ordre du jour. Ne pensez-vous pas que cela influe sur l'attractivité du pays? Sur ce sujet, honnêtement, je respecte beaucoup la décision des autorités algériennes. C'est d'une sagesse très importante car on n'ouvre pas le ciel comme on ouvre une porte. Il faut que la compagnie algérienne soit prête pour faire face à la concurrence. En prévision de cette ouverture, Air Algérie a engagé tout un processus de modernisation et de mise à niveau de sa flotte. En plus, les expériences d'ouverture massive Open Sky ne sont pas toujours positives. Un dernier mot... J'espère que les clients continueront à nous faire confiance.