A la date du 31 mai courant, si l'accord n'est pas appliqué, la grève sera reconduite. Dans un communiqué rendu public avant-hier, les travailleurs de la Sntf ont décidé de suspendre leur mouvement de grève. «Nous avons décidé de suspendre notre mouvement de protestation, après la parution de l'accord signé entre la direction générale de la Sntf et la fédération», est-il mentionné dans le communiqué signé par une cinquantaine de cheminots. Les trains ont donc sifflé de nouveau hier. Mais ce n'est pas tout, car les grévistes se sont montrés méfiants vis-a-vis de l'engagement de leur tutelle et représentant officiel. «(...) avec des réserves de reprendre le même mouvement de protestation, en cas de non-respect du contenu de l'accord», ajoute le même communiqué. Une façon de démontrer l'absence de confiance qui règne entre la base syndicale et sa tutelle. «Je vous assure que si l'augmentation de salaire ne paraît pas dans la prochaine fiche de paie du mois de mai, la grève reprendra le début juin», a menacé un syndicaliste rencontré à la gare de l'Agha. La balle est donc dans le camp de la direction générale de la Sntf, pour l'application des augmentations de salaires dans un délai qui ne dépassera pas le 31 mai. L'accord signé avant-hier soir entre la direction générale de la Sntf (Société nationale des transports ferroviaires), et la Fédération nationale des cheminot (FNC), stipule qu' «aussitôt la reprise effective du trafic ferroviaire, les négociations sur la convention de branche seront entamées, sur la base de l'application de l'article 52 de la convention collective, laquelle sera concrétisée sur le mois de mai». Les voyageurs rencontrés hier au niveau de la gare de l'Agha d'Alger, étaient contents de revoir à nouveau leur moyen de transport remis en marche. La majorité d'entre eux ont appris l'information de la suspension de la grève à travers les colonnes de la presse. «Je suis contente, car c'est mon moyen préféré pour voyager», nous a déclaré Mme Salmi, enseignante dans un lycée à Bab Ezzouar, qui a ajouté: «C'est aussi une victoire pour les cheminots, ils la méritent». Pour sa part, Salim, étudiant à Boumerdès, usager du transport ferroviaire a déclaré: «J'ai été vraiment pénalisé pendant ces huit jours, j'arrivais souvent en retard à Alger.» Par ailleurs, le porte-parole de la cellule de crise des cheminots, Abdelhak Benmensour, joint hier par L'Expression, a déclaré que «les travailleurs se sont félicités de cette décision et espèrent rattraper le retard accusé par ces jours de grève». Les travailleurs de la base syndicale des cheminots ont reproché par le passé à la fédération affiliée à l'Ugta, de fuir ses responsabilités. Cette dernière s'est contentée de lancer des appels à la reprise du travail. Un membre du comité exécutif fédéral (CEF), sous le couvert de l'anonymat, a déclaré que «les fédéraux ont adressé une demande au secrétariat général de l'Ugta, pour la tenue d'une assemblée générale extraordinaire». «Nous ne voulons plus de ce bureau», a-t-il enchaîné. Le CEF est composé de 67 membres dont sont issus les sept membres du bureau fédéral. Le même orateur a ajouté que «le bureau fédéral ne s'inquiétait de la base que lorsqu'il en avait besoin, il ne s'inquiétait jamais de la situation que vivent les cheminots».