Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, projeté hier en Algérie, a été très bien accueilli par le public. C'est dans un climat détendu que la projection de Hors-la-loi de Bouchareb s'est déroulée hier, à Alger. Présenté à la salle El Mougar, devant un aréopage d'éditeurs, de dramaturges, d'artistes et de journalistes, ce film avait suscité, dès les premiers instants de la projection, une vive émotion parmi les présents. C'est avec la scène de la spoliation de la terre de Messaoud, Abdelkader et Saïd, les trois frères et principaux personnages de Hors-la-loi que s'ouvre le film. Les événements se succèdent. Et c'est avec une grande perfection que Rachid Bouchareb nous retrace une période décisive de l'histoire de la guerre de Libération, à travers le périple de trois frères chassés de leur terre. La projection a eu lieu à 9 heures passées de quelques minutes et ce en l'absence de la première responsable du département de la culture, Khalida Toumi. Celle-ci avait, d'ailleurs, insisté pour que le film soit projeté à la même heure en Algérie. C'est ainsi que l'assistance à la salle El Mougar avait découvert le film au même moment que le public cannois. «Même s'il y avait quelques imperfections, ce qui est tout à fait normal, le film était très réussi. Il y avait une certaine qualité de l'image, j'ai apprécié particulièrement les scènes d'action vers la fin du film. La scène du métro était aussi très émouvante», lancera Salah, un jeune étudiant à l'Ecole supérieure des arts dramatiques. «Je préfère de loin ce nouveau film de Bouchareb par rapport au précédent, Indigènes, sorti en 2006. Il y avait une certaine vision colonialiste. Celui-là est plus objectif...», fera observer un autre spectateur. Une jeune cinéaste, Nadjma Hafiane, fera remarquer que «le casting n'était pas vraiment au point. Il y avait un certain problème d'accent. Chacun des comédiens (qui ont joué les rôles principaux), parlaient avec un accent différent. Le scénario était également ´´linéaire´´». Alors qu'une manifestation a été organisée en France, en guise de protestation, lors de la projection de Hors-la-loi au Festival de Cannes, c'est dans une ambiance survoltée que ce film a été accueilli à Alger, par les critiques, les intellectuels et la presse. Sélectionné en compétition officielle sous le drapeau algérien, le dernier film de ce cinéaste franco-algérien, avait suscité, avant même sa projection, une grande polémique en France. Evoquant les massacres perpétrés par l'armée française, le 8 mai 1945 à Sétif, des ultranationalistes, des pieds-noirs et des harkis avaient manifesté contre sa participation dans l'une des plus prestigieuses manifestations cinématographiques en France et dans le monde entier: le Festival de Cannes. «Rétablir une vérité historique confinée dans les coffres», ce sont les quelques mots prononcés par le réalisateur qui ont marqué le début de la controverse. La pétition, qui avait été lancée par les protestataires et les nombreuses demandes formulées par ces derniers pour l'annulation pure et simple de la participation de ce film, n'avaient pas reçu d'échos favorables. Quoi qu'on puisse dire sur le dernier film de Rachid Bouchareb, il n'y a aucun doute sur le fait que les blessures provoquées par la guerre de Libération n'ont toujours pas été cicatrisées de part et d'autre de la Méditerranée.