Selon son secrétaire général, l'Union nationale des paysans algériens n'a pas été associée à l'élaboration du projet de loi sur l'agriculture. Le projet de loi sur la concession des terres agricoles ne plaît pas à l'Unpa. Le secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens, Mohammed Alioui, ne dissimule pas ses critiques. Invité jeudi dernier au forum de la Chaîne II, M.Alioui a fait part des craintes des paysans. «Les paysans ont vraiment peur pour leur avenir», a-t-il déclaré anxieux. Après 40 ans de travail et d'exploitation dans une ferme, le paysan peut se retrouver privé de sa terre et sans aucune garantie. La décision de transfert des terrains agricoles dépendra dans le nouveau projet de loi, du directeur du foncier alors qu'auparavant elle était du ressort de la justice. Cela risque, selon lui, de compromettre ou de détourner les terrains à des fins non utiles. «Il faut rassurer les paysans sur la non-application de l'effet rétroactif de la décision», a-t-il insisté. L'invité de la Chaîne II ne s'est pas arrêté là. M.Alioui a estimé que la durée de concession fixée à 40 ans n'est pas suffisante. «Dans notre vision, la durée de 40 ans de concession est insuffisante», a-t-il jugé en précisant: «Il faut prolonger cette durée pour permettre le développement de l'investissement et rassurer également les paysans.» La politique de développement des coopératives agricoles prend du temps et se transmet de génération en génération. Selon lui, le gouvernement doit faciliter les procédures de contrat pour permettre aux paysans de créer des coopératives et de bénéficier de prêts bancaires. Les coopératives n'ont pas bénéficié des différents programmes et avantages accordés aux agriculteurs. Dans la perspective de faciliter la tâche aux fellahs, M.Alioui insiste sur la création d'un «fonds de la terre» qui permette aux exploitants d'accéder à des crédits auprès des banques. A la question de savoir si l'Unpa a été associée à l'élaboration de ce projet, M.Alioui a répondu par la négative. «Nous n'avons pas été associés à l'élaboration du projet de loi sur le foncier agricole», a-t-il déploré. Tout en affirmant qu'il n'a pas encore le document entre les mains, le porte-parole des paysans promet de faire barrage à ce projet dans le cas où il porterait atteinte aux intérêts de la famille agricole. «Il est évident de rejeter ce qui n'est pas dans l'intérêt du peuple», a-t-il assuré. Sur ce point-là, M.Alioui a haussé le ton pour dire «basta» à la politique de bradage, selon lui. «Arrêtons l'importation des informations et l'application des expériences des pays étrangers», a-t-il martelé. «Nous n'avons pas le même système avec les pays de l'OMC», a-t-il encore souligné en précisant que l'Etat ne peut pas abandonner sa politique de subvention. A propos de l'importation des viandes de l'étranger, l'invité de la Radio estime qu'«il est préférable d'importer de la viande du Soudan que d'un autre pays comme l'Argentine, l'Espagne ou le Brésil». Pourquoi le Soudan? L'invité de la Chaîne II avance tout simplement l'élément de la distance en expliquant que cela permettra de conserver la fraîcheur de la viande. Revenant sur la flambée des prix des légumes et des fruits, le patron de l'Unpa rejette l'idée de l'offre et de la demande. «Nous n'avons pas des mécanismes de contrôle du marché», a-t-il simplement déclaré.