Photo : Riad Par Faouzia Ababsa C'est à Rachid Benaïssa qu'a échu la mission de présenter hier devant l'hémicycle le projet de loi relatif à l'orientation agricole. Et pour cause, il remplace depuis une semaine Saïd Barkat, désormais ministre de la Santé. Le nouveau ministre de l'Agriculture s'est efforcé de louer les mérites de ce nouveau texte en faisant une sorte de bilan de ce qui a été réalisé dans le secteur depuis une décennie et toutes les aides dont il a bénéficié de la part de l'Etat à travers le FNDA et le PNDRA. Ainsi, l'ex-ministre délégué chargé du développement rural a relevé que le texte qu'il avait sous les yeux constitue un outil important qui vient organiser l'agriculture et les modalités d'exploitation des terres et leur protection. Selon lui, le secteur compte 1 million d'exploitations agricoles, dont 710 000 exploitent 5 à 10 hectares, 140 000 jouissant de 5 à 20 ha, 88 000 travaillant sur 20 à 50 ha et, enfin, 18 000 exploitants cultivent entre 50 et 200 hectares. Il indiquera également que la surface agricole est de 47 millions d'hectares, dont 8,4 millions cultivables, 22 millions de steppe et 7 millions de forêts. Mais à aucun moment le ministre de l'Agriculture ne fera allusion aux problèmes rencontrés par les paysans et les éleveurs. D'ailleurs, très peu d'espace est réservé dans le projet de loi aux éleveurs et à la culture fourragère. Les députés n'ont d'ailleurs pas raté l'occasion de formuler des critiques à l'endroit du projet de texte. C'est le chef du groupe parlementaire du Front national algérien (FNA) qui ouvrira le bal des remarques de fond. «Je m'attendais à une véritable loi sur l'orientation agricole, j'ai eu droit à un autre texte qui n'a aucune relation. Lequel ne définit nullement la qualité de la personne morale ou physique qui devra jouir de la concession», dira Arrous Saad avant de s'interroger : «Va-t-on les concéder aux étrangers qui changeront l'activité avant de rentrer chez eux avec les dividendes ?» Mais c'est sans doute l'intervention du député Alioui du FLN et non moins secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA) qui était la plus attendue. «Il aurait fallu faire l'évaluation de la loi de 1987 avant de nous présenter ce projet.» Lequel, a estimé l'orateur, n'est pas complet. «Comme celui de 1987, le texte sur l'orientation agricole en débat renvoie la majorité des articles à la voie règlementaire», souligne le secrétaire général de l'UNPA. «On aurait alors relevé les carences et les insuffisances pour y apporter les correctifs nécessaires.» Dans les coulisses de l'Assemblée et en marge de la plénière, M. Alioui nous a indiqué que le projet de loi sur l'orientation agricole comprenait 24 articles renvoyant au décret d'application. «Cela vide le texte de toute sa substance. On se demande alors pourquoi on débat et adopte des lois si c'est pour que l'Exécutif en dispose, plus tard, comme il veut. Ce, d'autant, affirme-t-il encore, que le texte de 1987 n'a fait l'objet que de deux décrets d'application qui ont été pris plusieurs années après.» Et le secrétaire général de l'UNPA d'ajouter que le projet de loi comprend beaucoup de carences. D'autre part, notre interlocuteur interpellera le gouvernement sur le danger de la réédition de l'été dernier concernant la pomme de terre. «Elle coûte aujourd'hui 12 DA. Les agriculteurs s'apprêtent à récolter leur production, mais ils risquent de la vendre à perte car il y a un excédent.» Selon lui, l'Etat se doit de prendre en charge le problème au risque de voir les paysans se détourner de la culture de la pomme de terre. «Nous vivrons alors le même problème qu'il y a quelques mois. Il faudra donc que les pouvoirs publics rachètent leur production aux agriculteurs et la stockent dans des chambres froides.» Le secrétaire général de l'UNPA appellera également à la redynamisation des offices qui jouaient, selon lui, un rôle important dans la régulation du marché des fruits et légumes et des viandes. Pour sa part, Hakim Saheb du RCD relèvera que le projet présenté par M. Benaïssa ne «répond ni dans la forme ni dans le fond à la problématique du développement agricole». Il soulignera que le gouvernement continue à faire dans le bricolage alors que 40% des terres agricoles sont en jachère. Une information qui n'est pas nouvelle et qui a été maintes fois relayée par les professionnels du secteur. «Ce sont les parents pauvres du projet.» L'intervenant a affirmé que le cheptel n'est pas exploité et le cuir produit ne fait pas l'objet d'un traitement à travers des petites entreprises qu'il faudra au demeurant créer. Il est au contraire «l'objet de contrebande vers l'Italie». L'élevage camelin a, lui aussi, été abordé par les députés, notamment ceux du Sud qui n'ont pas tari d'éloges à propos du lait de la chamelle. Lequel coûte, quand il est disponible, 200 DA le litre.