La réunion intergouvernementale des pays membres de l'Union africaine a pris fin, hier, à Alger. Le propos optimiste et ravi de Abdelkader Messahel, ministre algérien des Affaires maghrébines et africaines, qui a affirmé que la réunion d'Alger a «atteint tous ses objectifs», résume, en fait, les visées algériennes de se propulser au premier rang, mieux : à la première loge de la lutte antiterroriste au niveau continental. Le capital expérience cumulé par l'Algérie en deux décennies de lutte antiterroriste (1981-2002) a fait la différence et placé le pays non pas uniquement en pole position, mais aussi- et surtout - comme un axe central de cette lutte. Seule l'Egypte pourrait, avec sa longue tradition de bras de fer avec les tendances djihadistes locales et leurs ramifications, prétendre jouer un rôle de premier ordre au plan africain. Mais l'engagement ferme des autorités algériennes et le jeu politique mené depuis 1997 (concorde civile) ont fait la différence. Pour revenir à la réunion d'Alger, les «mesures concrètes» prises concernent, pour un premier temps, la police et le contrôle aux frontières ainsi que des volets judiciaires, financiers, sur les échanges d'informations et sur la coordination aux niveaux régional, continental et international. Ce plan, qui a déblayé le terrain à un sommet des chefs d'Etat africains, qui «sera organisé certainement avant la fin de l'année», préfigure la nouvelle tendance africaine, à savoir s'éloigner de l'étiquette (pour certains) d'Etats-voyous et d'Etats réfractaires aux normes et lois en vigueur au plan international. La coopération interafricaine sur le terrorisme s'appuie sur la Convention d'Alger sur la prévention et la lutte contre le terrorisme, adoptée en juillet 1999, lors du 35e sommet de l'OUA, devenue UA (Union africaine) depuis juillet dernier. Cette Convention va entrer en vigueur en octobre, après sa ratification par le Ghana, le Soudan, l'Afrique du Sud et les Comores, qui ont accepté le principe et annoncé leur adhésion à ladite Convention. Ce qui donne un total de 16 Etats qui ont souscrit à la convention sur les 53 qui l'avaient ratifiée, le quorum requis étant le quart, c'est-à-dire 15 Etats, pour que la convention entre en vigueur et soit immédiatement applicable. Des réserves avaient émané de certains Etats d'autres, opposés au protocole, ont soutenu que «seuls les Etats-parties» à la Convention d'Alger (17 à ce jour) «peuvent s'exprimer et examiner le projet de protocole». Sept pays (Tanzanie, Ouganda, Ethiopie, Burkina Faso, Niger, Mozambique et Burundi) ont indiqué que le processus de ratification avait ainsi atteint sa «phase ultime». Rappelons qu'à la clôture des travaux, le Chef du gouvernement, Ali Benflis, a demandé aux participants africains de «rechercher les causes et les facteurs qui alimentent ce phénomène abject, ainsi que le climat favorisant sa propagation», tranchant net, par cette «pointe épistémologique», avec le discours abrupt et par trop juridico-policier des interventions des participants.