Les islamistes marocains pourraient déchanter : il se peut qu'ils n'aient pas réussi la percée qu'ils espéraient aux élections législatives de vendredi, marquées par une abstention historique, avec une participation de seulement 41%. Le Parti Justice et Développement (PJD), qui affichait de grandes ambitions et espérait devenir sans conteste la première formation du royaume, a d'ores et déjà, accusé ses adversaires de corruption électorale. Les résultats définitifs ne devant être connus qu'aujourd'hui. Son secrétaire général, Saâd Eddine Othmani, qui devrait l'emporter dans une circonscription de Casablanca, s'est montré pessimiste : “Nous sommes sûrs d'avoir au moins 40 sièges mais nous rencontrons des difficultés à obtenir un décompte exact car l'administration ne donne pas tous les chiffres”, devait-il déclarer samedi. La veille des élections, le PJD se prévalait au pire de 80 sièges ! Othmani doute même que sa formation soit le premier parti. À l'en croire, le PDJ ne fera que conforter son résultat de 2002 où il avait arraché 42 sièges. L'autre gifle est assénée à l'ensemble de la classe politique, y compris à Mohammed VI : seuls deux inscrits sur cinq se sont déplacés aux urnes. Selon les estimations du ministère de l'Intérieur, la participation s'établit à 41% contre 52% en 2002. Abasourdis par cette abstention historique, plusieurs partis ont reconnu qu'il fallait revoir la manière dont ils avaient mené leur action politique. Pour la première fois, 52 observateurs étrangers ont supervisé le scrutin ; ils devaient publier un rapport préliminaire hier et une version définitive dans quelques semaines. Les Marocains choisissaient 295 députés dans 95 circonscriptions et 30 députées sur une liste nationale séparée, pour assurer un quota de représentation aux femmes. Les résultats partiels devaient être annoncés samedi et les chiffres définitifs aujourd'hui. Au vu des résultats définitifs, Mohammed VI devrait nommer un Premier ministre qui négociera avec les partis représentés au Parlement pour former une coalition. Le mode de scrutin à la proportionnelle ne permet à aucun parti d'obtenir la majorité absolue. D. B.