Onze ans après sa disparition en 1999, Olivier Debré est exposé à Alger jusqu'au 25 août. Il n'y a aucun doute là-dessus. C'est l'une des plus prestigieuses expositions que le Musée national d'art moderne et contemporain d'Alger (Mama) a eu à présenter depuis son ouverture en 2007. Le vernissage des oeuvres d'Olivier Debré (1920-1999), organisé par l'ambassade de France en collaboration avec le ministère de la Culture, l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel et le Mama, a eu lieu mardi dernier, à 18 heures. Programmée dans le cadre de la coopération culturelle et scientifique entre l'Algérie et la France, cette manifestation de haute facture durera jusqu'au 25 août prochain. Les visiteurs auront à découvrir les toiles, parfois surdimensionnées du grand coloriste français, Olivier Debré. Cette relation si particulière avec les couleurs ocres, est très évidente dans l'oeuvre de l'artiste. Il y a surtout ce rouge «barbouillé» d'autres couleurs un peu plus brutales tels que le bleu ou encore le noir. Dans cette rétrospective des oeuvres d'Olivier Debré, qui fut l'un des plus grands peintres français du XXe siècle, on peut facilement percevoir l'influence de Picasso. Au cours de ses voyages, notamment aux Etats-Unis, cet artiste était au contact des maîtres de l'expressionnisme abstrait tel que Franz Kline ou encore Jules Olitski. Un peintre abstrait? Sans doute. Mais cela ne doit pas décourager les novices. Nombreux sont les critiques d'art qui s'accordent à dire que c'est l'un des peintres abstraits le plus facile à aborder. «La peinture dite abstraite est la recherche de l'image vraie. La peinture dite figurative est l'image de l'apparence.», disait-il à ce sujet. Un paysagiste? Pas vraiment. Ses oeuvres abordant la nature ne sont que la traduction d'une certaine réalité. La traduction des sensations dont il a été épris en se confrontant à cette réalité, justement. «Je ne peux peindre que dans la sensation. Je suis primaire. Il y a toujours un élément de vie réelle. Que ce soit les odeurs, la chaleur, le froid, les sons, ou la musique. Tous les sens sont sollicités. Quand je revois une peinture, ses différents ingrédients reviennent», disait le défunt peintre. Devant ses tableaux, grands formats, toute tentative pour échapper à une submersion s'avèrerait impossible. Concernant ses toiles en petits formats, ce sont des tableaux réalisés à l'encre de Chine sur papier. Quelques photos de l'artiste ainsi que des sculptures en bronze, réalisées entre 1962 et 1963 y sont exposées. Le documentaire de Sylvie Cartier sur le peintre, intitulé, Rouge des hauts, d'une durée de 24 minutes est également projeté au Mama. C'est en présence de l'ambassadeur de France, M.Xavier Driencourt, ainsi que d'autres diplomates français, la représentante de Khalida Toumi, ministre de la Culture, Zahira Yahi et la fille du peintre, Sylvie Debré-Huerre que ladite exposition a été inaugurée. Malgré les tentions qui caractérisent les rapports entre Alger et Paris ces derniers temps, des manifestations culturelles sont organisées en commun. M.Xavier Driencourt dira à ce propos: «Cela prouve qu'il n'y a pas de tension dans le domaine de l'art et de la culture. On peut faire beaucoup de choses dans ce domaine. C'est un moyen de se parler, de se comprendre et de se connaître. Et comme disait la représentante du ministère de la Culture, il faudrait peut-être un jour que des artistes-peintres algériens aillent exposer à Paris». Il est à noter que des critiques d'art animeront des conférences dans tous les centres culturels français en Algérie.