Malgré l'accord irano-brésilo-turc, les USA ont rallié les cinq puissances détentrices de l'arme atomique à un nouveau projet de sanctions contre Téhéran présenté au Conseil de sécurité de l'ONU, le 18 mai Le président du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, et le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, ont défendu bec et ongles jeudi à Rio, leur accord avec l'Iran sur un échange d'uranium, critiqué avec une franchise sans précédent par Washington. «Les pays qui critiquent cet accord sont jaloux. Parce que le Brésil et la Turquie se sont engagés et ont obtenu un succès diplomatique que certains pays ont tenté en vain de négocier pendant plusieurs années», a déclaré M.Erdogan au cours d'une conférence de presse après une réunion avec Lula à Brasilia. Le président brésilien, de son côté, a demandé à l'Agence Internationale d'Energie Atomique (AIEA) d'analyser avec «compréhension» l'accord tripartite sur l'enrichissement d'uranium iranien, en tenant compte du contexte politique. Selon lui, seuls les pays possédant l'arme atomique s'opposent à ce texte prévoyant l'échange en Turquie de 1200 kilos d'uranium iranien enrichi à 3,5% contre 120 kilos de combustible à 20% remis par les grandes puissances et destiné au réacteur de recherche nucléaire à des fins médicales de Téhéran. «Nous sommes en grave désaccord avec la diplomatie brésilienne vis-à-vis de l'Iran», avait affirmé peu auparavant la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, dans une de ses déclarations les plus virulentes sur le sujet. Malgré l'accord irano-brésilo-turc, les Etats-Unis ont rallié les autres puissances chargées du dossier (Chine, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne) à un nouveau projet de sanctions contre Téhéran présenté au Conseil de sécurité de l'ONU le 18 mai. La Turquie et le Brésil, membres non permanents du Conseil, s'y opposent. L'Iran est soupçonné de chercher à se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme civil, ce qu'il dément. «Nous pensons que faire gagner du temps à l'Iran, permettre à l'Iran d'ignorer l'unité internationale qui existe à propos de son programme nucléaire rend le monde plus dangereux et non moins» dangereux, a déclaré Mme Clinton, jeudi à son homologue brésilien, Celso Amorim. «Il est nécessaire que tout le monde dise s'il souhaite construire une possibilité de paix ou de conflit», a riposté Lula, irrité par l'accueil très froid réservé par les grandes puissances à l'accord de Téhéran. «La Turquie et le Brésil se sont prononcés en faveur de la paix. L'Iran a jusqu'ici accompli tout ce qu'il avait convenu avec la Turquie et le Brésil», a-t-il ajouté. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a estimé pour sa part que la crise était due en grande partie à «un sérieux manque de confiance» envers Téhéran, car juste après l'annonce de l'accord avec Ankara et Brasilia, l'Iran a annoncé sa volonté de continuer à enrichir de l'uranium sur son sol. «Ce serait d'une grande aide si l'Iran arrêtait d'enrichir de l'uranium à 20%», a-t-il déclaré après son arrivée Rio de Janeiro pour participer au IIIe Forum mondial de l'Alliance des civilisations. Il a ajouté que l'initiative turco-brésilienne était «peut-être un pas positif» en quête d'une solution négociée.