La polémique, qui est à son apogée, risque de mettre le feu aux poudres à l'occasion de cette rentrée sociale. C'est depuis hier que les négociations, forcément très serrées, ont démarré entre les cadres du département de Chakib Khelil et les responsables de la Fédération des pétroliers au siège du mini-stère de l'Energie et des Mines. La pierre d'achoppement entre les deux partenaires se situe au niveau de l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures. Un document élaboré unilatéralement par les autorités publiques et présenté pour approbation au Conseil de gouvernement en attendant d'atterrir sur le bureau de l'APN. Le document est fortement contesté aussi bien par la fédération que par le syndicat de Sonatrach. Des sources syndicales indiquent qu'«il est hors de question de faire des concessions sur le fond. Les entrées en devises des hydrocarbures constituent 98 % des revenus algériens. Il est, de ce fait, totalement exclu de revenir sur le caractère de souveraineté inaliénable de l'entreprise Sonatrach conformément à l'article 17 de la Constitution». Du côté du ministère, on ne l'entend guère de cette oreille. On estime, en effet, à en croire des sources proches du département de Chakib Khelil, que «cet avant-projet de loi permettra, au contraire, à la Sonatrach d'acquérir la stature internationale qui lui permettra de rivaliser avec les grandes firmes pétrolières de par le monde et, partant, de décrocher des parts de marchés dans d'autres régions de la planète». Les deux camps paraissent a priori inconciliables. Le risque d'une grève, selon des sources syndicales, n'est pas tout à fait écarté, même s'il n'est pas encore à l'ordre du jour. Les récents acquis salariaux décrochés par l'Ugta, mais aussi la délicatesse de la situation actuelle où cette très chaude rentrée sociale coïncide avec des élections locales hautement stratégiques, feront, sans doute, que le gouvernement fera marche arrière sur cette question comme il l'a déjà fait sur la question du projet de loi relatif au statut général de la Fonction publique. Le ministre de l'Energie et des Mines, rappelons-le, a déjà retiré une première fois le projet de loi pour le réexaminer suivant les doléances et/ou revendications de la Fonction publique. Cette première marche arrière n'a quand même pas été au goût du partenaire social pour deux raisons au moins. La première, c'est que l'Ugta n'a pas été consultée, et encore moins impliquée dans cette première révision. La seconde, c'est que l'actuelle mouture n'a pas été transmise (ne serait-ce que pour information) aux représentants des travailleurs. Des sources proches aussi bien du minis-tère que de son partenaire social indiquent que cette levée de boucliers, qui est loin d'avoir dit son dernier mot, n'est pas étrangère aux nombreux avantages détenus par les travailleurs de Sonatrach, avantages pouvant être remis en cause en partie à la suite des contraintes nombreuses qu'imposeront la mondialisation et les besoins de performances toujours plus grandes et plus percutantes. La rencontre d'hier, qui a pris fin tard dans la soirée, n'a débouché sur aucun début de consensus, chaque partie continuant à camper sur ses positions. D'autres séances de travail sont prévues dans les prochains jours. La probabilité d'une rencontre au sommet entre Sidi Saïd, Badreddine et Chakib Khelil en vue d'aplanir ces divergences n'est pas, non plus, à écarter. Nous y reviendrons.