Sans consultations du partenaire social, le texte risque de ne pas faire long feu. Nouveaux remous chez les pétroliers. A force de vouloir ménager les contestations des travailleurs du secteur et les impératifs dus à son poste au sein de la Centrale, le secrétaire général des pétroliers, M.Mohamed Badreddedine, risque de perdre le sourire pour cette rentrée sociale. Au moment où le report de la bipartite suscite des débats passionnés, le premier représentant des travailleurs des hydrocarbures déterre la hache de guerre. Il n'est pas question que le projet de loi de Chakib Khelil qui prévoit l'ouverture du marché des hydrocarbures à la concurrence, soit programmé pour cette session d'automne à l'APN. Forts de nombreux arguments, les deux antagonistes ne sont pas près de lâcher du lest. Des débrayages sont à craindre. A moins que la sortie du syndicat ne soit une manière pour les responsables de l'Ugta de faire pression sur le gouvernement pour soutirer plus d'acquis à la bipartite. D'un côté, le ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, évoque les impératifs économiques de cette loi, et de l'autre, les travailleurs qui qualifient crûment le projet de bradage de la souveraineté nationale. Face à la virulente contestation des pétroliers, le ministre a été amené à recourir à l'achat de placards publicitaires dans les journaux à la recherche d'un contact direct avec les travailleurs sans leurs représentants. A leur tour, le SG de la fédération des pétroliers et celui de Naftal, avaient fait le tour des raffineries et des bases pétrolières pour maintenir le même mot d'ordre chez les travailleurs. Ils ont, en fait, pris un peu d'avance sur le ministre en appelant aux sentiments et au patriotisme des Algériens. Sonatrach a, depuis sa nationalisation par Boumediene, été synonyme de souveraineté nationale. D'où les difficultés pour le technocrate Chakib Khelil d'expliquer un passage impératif à l'économie de marché. Cette bataille peu commune dans les autres secteurs porte en elle l'importance de l'impact de ce projet de loi sur l'économie algérienne, voire sur la société qui porte parfois encore en elle quelques réflexes du socialisme. Même si les débats se limitent actuellement à la nécessité de consulter les pétroliers avant de le soumettre à l'APN, il n'en demeure pas moins que cela constitue un pas de plus vers l'heure de vérité. Les débats n'en sont qu'à leur début. Ainsi les partis d'opposition notamment le PT, sont prêts à prendre le relais des syndicats à l'APN. C'est justement cela qui pousse les analystes à s'attendre à un combat où le pragmatisme économique affronte des symboles.