Le Qatar, soutenu par la Syrie et d'autres capitales, a obtenu hier que la rencontre se prolonge aujourd'hui au niveau des ministres des AE, afin de donner plus de poids à la décision des Arabes. La Ligue arabe devait se réunir, hier et aujourd'hui, pour définir une réponse «collective» après l'attaque meurtrière menée par Israël contre une flottille pro-palestinienne, sur fond de fortes pressions de l'opinion, de la presse et de plusieurs pays pour une réaction ferme. Une réunion extraordinaire des ambassadeurs des 21 pays membres plus l'Autorité palestinienne devait débuter hier vers 18h00 locales au siège de l'organisation panarabe, au Caire. Mais le Qatar, soutenu par la Syrie et d'autres capitales, a obtenu hier que la rencontre se prolonge aujourd'hui au niveau des ministres des Affaires étrangères, afin de donner plus de poids à la décision des Arabes. L'Egypte, pays traditionnellement modéré face à Israël, a fait un geste en direction des Palestiniens de la bande de Ghaza - soumise à un blocus israélien depuis juin 2007 - en annonçant hier la réouverture du passage de Rafah avec l'enclave, le seul qui ne soit pas contrôlé par Israël. Le président Hosni Moubarak a lui-même pris cette décision, quelques heures avant le début des travaux de la Ligue arabe, en précisant qu'elle visait à laisser passer l'aide humanitaire, et permettre aux malades et aux blessés de sortir de Ghaza par l'Egypte. Cette décision apparaît comme une inflexion de la politique de l'Egypte, qui s'était surtout consacrée ces derniers mois à accentuer le verrouillage de sa partie de la frontière avec la bande de Ghaza pour lutter contre les trafics et faire pression sur les radicaux du Hamas qui contrôlent l'enclave. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a plaidé lundi pour une «position arabe collective» face à l'opération israélienne au large de Ghaza, qu'il a qualifiée de «message très fort d'Israël signifiant qu'il ne veut pas la paix». Cet assaut, lundi, dans les eaux internationales contre la flottille de six bateaux transportant des aides à Ghaza a provoqué une vague d'indignation au Proche-Orient où la presse appelle à des sanctions contre Israël sur fond de manifestations populaires. Les premières réactions officielles avaient toutefois laissé poindre, lundi, les clivages traditionnels du monde arabe face à l'Etat hébreu, qui se traduisent souvent par des déclarations fortes de la Ligue mais sans conséquences pratiques. Le président Moubarak, dont le pays a été le premier dans le monde arabe à signer la paix avec Israël en 1979, a dénoncé lundi «l'usage excessif et injustifié de la force par Israël», à l'unisson de la plupart des capitales occidentales, mais sans parler de sanctions et en critiquant le Hamas à mots couverts. Le Premier ministre libanais Saâd Hariri et le président syrien Bachar Al-Assad s'étaient en revanche montrés plus durs. Ils ont plaidé pour que l'ONU prenne «des mesures concrètes pour mettre fin aux crimes d'Israël qui menacent de plonger le Moyen-Orient dans une guerre dont l'impact ne se limitera pas aux pays de la région». Les entretiens à la Ligue arabe s'inscrivent dans une cascade de consultations internationales après l'assaut qui a coûté la vie à neuf civils. Le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé une enquête impartiale, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a convoqué une réunion d'urgence, et les pays de l'Otan devaient tenir une réunion spéciale à la demande de la Turquie.