Cinq à dix mille personnes ont pris part à la marche initiée par la Coordination intercommunale. Venant principalement des localités de la Soummam (El-Kseur, Akbou, Amizour et Akfadou), des centaines de véhicules bondés de jeunes affluaient dès les premières heures de la journée vers les Quatre chemins, le point de départ décidé à la dernière minute. Organisés en carrés, les marcheurs ont, dès 11 heures, commencé à battre le pavé des artères principales de la ville de Béjaïa. Cette action de la CICB se veut non seulement une démarcation par rapport à la date de la rentrée officielle que les ârchs décalent d'une journée, mais aussi une réponse à ceux qui misent sur l'essoufflement et la division du mouvement. Les incidents qui l'ont émaillée ne sont pas sans dénoter la défaillance dans l'organisation et un manque flagrant dans la maîtrise des dérapages. Les insuffisances qui continuent à caractériser toutes les actions entreprises à ce jour refont surface. En effet, alors que la tête de la marche arrivait à hauteur du lycée Polyvalent, un groupe de marcheurs, en majorité des jeunes, était déjà stationné au carrefour CNS, situé à 400m plus loin. Selon certaines sources contradictoires, la provocation a émané des jeunes riverains et des marcheurs à la fois et a donné lieu à des affrontements entre les deux camps à coups de pierres et autres projectiles. N'était l'intervention de certains délégués et personnes adultes qui ont réussi à calmer les esprits. Une demi-heure après, la situation aurait tourné au drame. Ce n'est qu'après cela que la marche a repris sans pour autant marquer un arrêt devant le siège de la wilaya. En effet, il était prévu que deux jeunes remettent au wali une lettre contenant les revendications ayant trait «à l'arrêt des intimidations, la réintégration des travailleurs licenciés et la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur». Devant la tournure prise par les événements, les organisateurs ont préféré passer outre et poursuivre la marche jusqu'au stade Ben-Alouache où un meeting s'est tenu. Après une minute de silence à la mémoire des victimes des attaques terroristes qui ont visé les USA, le délégué de Béjaïa est intervenu sur les incidents survenus pour accuser «les alliés du pouvoir qui ont manipulé les jeunes du quartier». D'autres intervenants ont renouvelé le refus de dialogue et l'exigence de la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur. Les participants à cette manifestation appuyée par une grève générale largement suivie, sont rentrés chez eux dans le calme avec toutefois un goût d'inachevé et des regrets que beaucoup ont tenu à dire haut et fort. Les incidents qui ont émaillé cette manifestation populaire ne manqueront pas de soulever de nouveau le débat sur le mouvement. Le prochain conclave prévu à Amalou sera déterminant, nous confient certains délégués qui n'ont pas caché leur amertume, hier, à l'issue du meeting. Les observateurs, eux, ont relevé cette tendance vers une hostilité populaire à toute action à venir. A l'heure où nous mettons sous presse, les affrontements se poursuivent entre de jeunes manifestants et les forces de l'ordre, qui ont intervenu pour protéger le siège de la wilaya que les jeunes riverains n'ont cessé de bombarder à coups de projectiles depuis les incidents avec les marcheurs.