85% des sujets ont été transcrits en braille pour les non-voyants. Le train est parti! Hier, le ministre de l'Education, Boubekeur Benbouzid, a lancé officiellement les épreuves du Baccalauréat. Pour cette année, le «la» du Bac a été donné à partir du lycée Frantz-Fanon de Bab El Oued à Alger. Le choix de la capitale est saisissant. Surtout que cette édition arrive au terme d'une année scolaire particulièrement éprouvante et mouvementée. L'épreuve prend l'allure d'un défi pour les pouvoirs publics. Preuve en est, l'Etat a déboursé 2,3 milliards de dinars pour le bon déroulement des épreuves du baccalauréat de cette année. C'est le chiffre avancé par M.Benbouzid, lors d'une tournée qu'il a effectuée au niveau de quelques centres d'examen à Alger. Cela représente la quasi-moitié du budget alloué aux examens des trois paliers scolaires. En effet, l'Etat a déboursé 5 milliards DA pour les épreuves de la Sixième, du Brevet de l'enseignement moyen (BEM) et du Bac. Au lycée Frantz-Fanon, le ministre a procédé à l'ouverture du pli des sujets de langue arabe proposés aux candidats en sciences expérimentales. A 8h15, il a annoncé le début des épreuves. Dans la salle se trouvait un candidat invalide. «Accordez-lui le temps nécessaire pour qu'il puisse répondre en toute quiétude», a-t-il recommandé au responsable du centre. Sur ce point, M.Benbouzid a annoncé que 85% des sujets ont été transcrits en braille pour les non-voyants. «C'est la première fois qu'une telle expérience est tentée», s'est félicité le ministre. Toutefois, nombre de non-voyants ont choisi de passer les épreuves comme l'ensemble des autres élèves, pour cause de non-maîtrise de ce moyen linguistique spécifique. Ensuite, la délégation s'est rendue au Technicum de Dely-Ibrahim. Sur les lieux, le ministre de l'Education nationale s'est enquis des conditions du déroulement des premières épreuves. Vers 10h00, M.Benbouzid a visité le Collège d'enseignement moyen (CEM) Abdelmadjid-Meziane, à Mohammadia. Au terme de sa tournée, le ministre s'est montré satisfait du déroulement des épreuves au niveau de la capitale, voire à l'échelle nationale. «Je viens d'appeler le secrétaire général de notre département. Il m'a assuré que les examens se passent dans les conditions requises aux quatre coins du pays», a assuré M.Benbouzid. Sur le plan pédagogique, ce dernier a annoncé que l'Etat a mobilisé 120.000 encadreurs, entre surveillants et correcteurs. Il a été assuré, par ailleurs, que les sujets d'examen porteront uniquement sur les leçons dispensées durant les deux premiers trimestres de l'année. Cette mesure constitue-t-elle un aveu tacite du retard accumulé dans le programme scolaire? Le ministre ne le pense pas. «97% des établissements ont effectué entre 80% et 100% du programme annuel. Il n'y a que 3% des établissements qui n'ont pu atteindre ce taux. Cela dit, le taux national du programme réalisé est de 80%», a-t-il affirmé. A ce titre, il a rappelé qu'une commission nationale d'évaluation s'est réunie le 26 juin de l'année dernière. «Les sujets ont été arrêtés en fonction de ces résolutions», a fait remarquer M.Benbouzid. Il a encore affirmé que ce taux est le plus élevé depuis le lancement des réformes dans le secteur de l'éducation. Pour leur part, les syndicats estiment que ces déclarations sont en déphasage avec la réalité du secteur. «De telles déclarations sont destinées à la consommation publique», a averti Mohamed Salem Sadali, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef). Joint hier par téléphone, le représentant du Satef a jeté un véritable pavé dans la mare. Il a révélé que la mise à jour du programme scolaire a été effectuée à partir de 9 semaines de retard. Autrement dit, les lycées qui tombent sous ce seuil ne sont pas concernés par ces mesures. Un autre point d'achoppement: le nombre d'élèves par salle. «Il est regrettable d'entendre des enseignants dire que la présence de 25 élèves dans la même salle pourrait encourager le copiage», a lancé le ministre, faisant allusion aux déclarations faites la veille, par Messaoud Boudiba, chargé de communication du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), à L'Expression. D'autre part, le ministre s'est montré satisfait des conditions sécuritaires dans lesquelles se déroule l'examen. En outre, il a affirmé que les résultats du Bac seront connus à partir du 7 juillet prochain. Il a, également, indiqué que la date de la prochaine rentrée scolaire sera fixée dans un délai n'excédant pas un mois. «Elle sera arrêtée en fonction des événements nationaux, entre autres, le Ramadhan et l'Aïd», a-t-il expliqué. D'ici là, les regards seront braqués sur le Mondial.