La rencontre des syndicalistes travaillant dans le secteur du gaz, du pétrole et de la chimie, qui a eu lieu, hier, au club du Caroubier (Alger) et rehaussée par le secrétaire général de l'Ugta, Sidi Saïd, n'a pas tardé à afficher sa tendance lourde, à savoir le recours à la grève. Avant l'intervention des syndicalistes, il y a eu d'abord le patron de l'Ugta Sidi Saïd. Après un flash sur la bipartite, le n°1 de la Centrale s'attaque au vif du sujet, à savoir l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures, avec un discours que d'aucuns ont qualifié de déclaration de guerre. Replaçant cet avant-projet dans le contexte des réformes initiées depuis le début des années 90, Sidi Saïd dira que ces réformes sont menées par «un cheptel politique» qui s'est reconverti en néolibéraliste après avoir fait ses classes et chanté les vertus du socialisme, ajoutant que l'Ugta n'est pas contre les réformes et les privatisations «à la seule condition d'instaurer un débat». Enchaînant sur la même idée, il fustige toutes les réformes engagées jusque-là, en déclarant notamment: «Il est malheureux de constater aujourd'hui, que toutes les réformes engagées, la justice, l'école, l'Etat en passant par l'économie, se trouvent dans un labyrinthe, par l'absence de débat». Saluant au passage les travailleurs, les services de sécurité et les forces de l'armée, qui ont pu protéger les usines durant les années du terrorisme, Sidi Saïd lâche: «Nous ne pouvons nous allier avec ceux qui ont tenté de nous mettre à genoux.» Il faisait évidemment allusion aux terroristes. Sidi Saïd a rejeté l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures, d'une manière, on ne peut plus clair «à travers le bradage en filigrane, c'est l'avenir de tout le pays qui est engagé et le destin de nos enfants qui est menacé», ajoutant sur un ton ferme qu' «il est moralement inadmissible de nous taire même si nous devons rester seuls sur le terrain», un discours tranchant et «agressif» ponctué par des touches d'humour, le patron de l'Ugta clame: «Nous sommes un véritable laboratoire!» et détend subtilement l'atmosphère: «Un petit hôtel, Chateauneuf, à Oran, n'a pas trouvé d'acquéreurs et on propose la vente de la Snvi ou de la Sonatrach». Dans son réquisitoire, il cite l'article 95 de la nouvelle loi sur les hydrocarbures qui stipule, selon lui, que les travailleurs des sociétés étrangères sont dispensés de cotisations. Ce fait, dit-il, va engendrer un manque à gagner, sans être exhaustif au moins 57 milliards de centimes annuellement au Trésor de la sécurité sociale. «De la souveraineté nationale, ils veulent nous priver de la souveraineté sociale.» Par ailleurs, les syndicalistes d'Arzew, de Hassi Messaoud, de Skikda et d'Alger, travaillant dans le secteur de l'énergie, se sont succédé sur la scène et ont tous été d'accord pour une action de protestation. Entre le sit-in devant le siège du gouvernement, le siège de l'Assemblée au moment des débats sur «la loi Khelil», ce fut l'option de la grève qui a été retenue dans la déclaration finale de la Fntpgc, adoptée à l'unanimité.