La trentaine de chefs d'Etat africains, réunis jusqu'à hier à Kampala, ont marqué leur solidarité avec l'Ouganda en observant deux minutes de silence en hommage aux victimes de l'attentat. L'Ouganda a appelé hier à la mobilisation du continent africain pour «chasser les terroristes» islamistes, à l'ouverture d'un sommet au cours duquel l'Union africaine doit renforcer ses troupes en Somalie pour y affronter les insurgés affiliés à Al Qaîda. «Ces terroristes peuvent et doivent être vaincus», a lancé le président ougandais Yoweri Museveni à propos des islamistes radicaux shebab, qui ont revendiqué un double attentat ayant fait 76 morts le 11 juillet dans la capitale ougandaise. Les shebab, qui ont fait allégeance à la nébuleuse internationale islamiste Al Qaîda, ont affirmé vouloir par ces attentats chasser de Somalie les soldats ougandais qui composent l'essentiel d'une force de l'Union africaine (Amisom). «Agissons de concert pour les chasser d'Afrique», a poursuivi le chef d'Etat ougandais. «Qu'ils repartent en Asie et au Moyen-Orient, d'où certains viennent d'après ce que je comprends», a-t-il ajouté. La trentaine de chefs d'Etat africains réunis jusque mardi à Kampala ont marqué leur solidarité avec l'Ouganda en observant deux minutes de silence en hommage aux victimes de l'attentat. Le sommet devrait entériner l'envoi d'un renfort de 2000 soldats pour l'Amisom, actuellement composée d'un peu plus de 6000 hommes (3500 Ougandais et 2500 Burundais). La Guinée est prête à envoyer «immédiatement» un bataillon (environ 800 hommes), selon le président de la Commission de l'UA Jean Ping, et l'UA a également sollicité des renforts de la part de l'Afrique du Sud, de l'Angola et du Mozambique. «Nous allons très rapidement monter à plus de 8000, qui est l'effectif maximum (initialement prévu), et je crois que la tendance ira à monter peut-être au delà de 10.000 (soldats)», a assuré Jean Ping. Le président américain Barack Obama s'est de son côté «engagé à maintenir le soutien (américain) à l'UA et à la mission de l'UA en Somalie» et a salué la contribution «héroïque» de l'Ouganda et du Burundi à cette force, dans un message lu hier à Kampala par le ministre américain de la Justice Eric Holder. L'Amisom constitue le dernier rempart du très fragile gouvernement de transition somalien du président Sharif Cheikh Ahmed face aux attaques répétées des shebab, qui contrôlent la plus grande partie du sud et du centre de la Somalie. Le sommet de l'UA va également demander que le mandat aujourd'hui uniquement défensif de l'Amisom soit au moins en partie placé sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies, pour autoriser les soldats africains à aller au combat contre les islamistes. Les chefs d'Etat africains vont également évoquer la situation au Soudan, avec le référendum en janvier prochain sur l'indépendance du sud du pays, et la nouvelle inculpation par la Cour pénale internationale du président Omar El Bechir, cette fois-ci pour génocide au Darfour. Après avoir nargué la CPI en rendant visite à son voisin le Tchad, pourtant signataire du traité de Rome fondant la juridiction internationale, le président Bechir a jugé plus prudent de ne pas faire le déplacement en Ouganda, également tenu en théorie de l'arrêter. L'UA pourrait réitérer son soutien au président soudanais, car elle estime que la CPI fait preuve «d'acharnement» contre l'Afrique en n'ayant à ce jour lancé des poursuites que contre des suspects africains. Les responsables d'organisations non gouvernementales craignaient pour leur part que l'actualité du continent rejette au second plan le thème officiel du sommet, «la santé maternelle et infantile et le développement en Afrique».