En créant une «commission d'enquête» au mandat limité - qui occulte l'essentiel des décisions prises par le gouvernement israélien qui donna le feu vert à la tuerie - Israël espère atténuer les pressions internationales. Israël espérait hier atténuer les pressions internationales déclenchés par le raid sanglant contre une flottille d'aide pour Ghaza avec la création d'une commission d'enquête au mandat limité qui suscite le scepticisme des médias. «Il a été décidé que la commission qui sera créée examinera deux questions:est-ce que le blocus maritime est conforme au droit international et est-ce que l'opération que nous avons lancée contre la flottille est, elle aussi, conforme au droit international?», a expliqué le ministre sans portefeuille, Benny Begin, membre du cabinet de sécurité. En attendant, l'armée a entamé sa propre enquête interne en créant une «équipe d'experts», composée de généraux de réserve, qui devra «examiner le déroulement de l'opération et en tirer les leçons». Elle devra remettre ses conclusions d'ici le 4 juillet. L'examen de la responsabilité du Premier ministre Benjamin Netanyahu, du ministre, de la Défense, Ehud Barak qui ont donné le feu vert à l'opération lancée dans les eaux internationales, dans laquelle ont péri neuf passagers turcs, ne sera pas à l'ordre du jour de la commission juridique. La commission n'aura pas non plus le mandat d'interroger les soldats et officiers qui ont participé à l'opération contre la flottille. La communauté internationale exige, elle, une commission d'enquête indépendante au mandat beaucoup plus large avec des experts étrangers pour en assurer la crédibilité. La décision de principe sur le mandat de la commission a été prise lundi lors de la réunion du forum des sept principaux ministres du gouvernement de Benjamin Netanyahu, à laquelle a participé M.Begin. Un porte-parole du Premier ministre n'a pas été en mesure de préciser quand l'annonce de la création officielle de cette commission aurait lieu. L'annonce n'a pas encore eu lieu en raison de la poursuite des contacts avec les Etats-Unis. L'essentiel pour le gouvernement est de trouver un compromis qui pourrait satisfaire Washington et convaincre les Etats-Unis de bloquer toute tentative de condamnation d'Israël au Conseil de sécurité de l'ONU à l'initiative de la Turquie, a indiqué la radio militaire. Selon les médias israéliens, qui se montrent très critiques sur l'efficacité d'une telle commission, elle sera composée de juristes et d'anciens hauts diplomates israéliens tandis que deux juristes étrangers devraient être désignés comme «observateurs». Plusieurs juristes israéliens renommés contactés par le gouvernement ont refusé d'intégrer cette commission en raison de son mandat trop limité, selon la radio. Un ancien ministre de la Justice et juriste reconnu, Amnon Rubinstein, a ainsi affirmé que «de même qu'il existe de café sans caféine, il existe des commissions d'enquête sans enquête». Le Yediot Aharonot, le quotidien le plus vendu du pays, titre en une sur une «commission light». Pour le commentateur politique de la radio publique Yaron Dekel, «tout cela va se résumer à une mini-vérification». Le blocus terrestre, aérien et maritime, imposé en juin 2006 à la suite de l'enlèvement d'un soldat israélien, a été renforcé en juin 2007 lorsque le Hamas a pris le contrôle du territoire. Les Etats-Unis ont évoqué lundi des initiatives pour alléger l'impact du blocus sur la population palestinienne, sans vouloir entrer dans les détails. Le vice-président américain, Joe Biden, a affirmé lundi en Egypte que Washington cherchait de «nouveaux moyens pour répondre aux aspects humanitaire, économique, sécuritaire et politique de la situation à Ghaza».