Avec une consommation annuelle estimée à près de 3 milliards de litres, l'Algérie est le premier consommateur de lait au Maghreb. La demande en lait est importante mais elle ne couvre que deux tiers des besoins exprimés dont 70% sont fournis par les importations. A ce titre, et en prévision du mois de Ramadhan prochain, 30.000 tonnes de poudre de lait seront importées. Tous les efforts menés jusqu'à présent par l'Etat pour améliorer la production du lait se sont soldés par des résultats peu convaincants. Ceux-ci ne répondent que partiellement aux besoins croissants de la population. Acteur-clé de l'industrie agroalimentaire, la filière lait connaît une croissance annuelle de 8%. Avec un taux de collecte inférieur à 15%, cette filière reste fortement dépendante de l'importation de poudre de lait. L'importation de vaches laitières par des particuliers a connu une courbe ascendante, à savoir 14.000 en 2009 et 12.700 entre janvier et juin 2010. Ce chiffre est appelé à passer, d'ici à la fin de l'année, à 30.000 vaches selon le ministre en charge du secteur. Présidant l'ouverture du 5e Salon de la vache laitière dans la wilaya de Batna, samedi dernier, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, le Dr Rachid Benaïssa, a affirmé que la filière nationale du lait se trouve actuellement à son «premier stade de construction». De son côté, le directeur de la régulation et du développement de la production agricole au ministère de l'Agriculture, Amar Asbah, a indiqué qu'un «intérêt particulier» est accordé à la filière lait dans le cadre du programme de renouveau agricole et rural. Il a estimé que d'ici 2014, la production nationale de lait passera de 2,5 milliards de litres actuellement à 3,5 milliards de litres. Pour atteindre cet objectif, le cheptel de vaches laitières, composé actuellement de 850.000 têtes, doit évoluer par le recours à l'importation et l'augmentation de l'insémination artificielle qui fournit annuellement 130.000 vaches, a souligné ce responsable, insistant sur le recours aux fourrages verts. Pour leur part, les professionnels de cette filière estiment que le marasme de la filière lait en Algérie réside en premier lieu au niveau du cheptel qui n'a aucune performance car il est élevé d'une manière traditionnelle. Cette dernière méthode ne répond pas aux normes internationales d'où la nécessité de créer une école professionnelle du lait pour former les éleveurs. Selon ces experts, c'est la collecte qui est très mauvaise et manque de gestion car pour une production annuelle de 1,8 milliard on ne collecte que 3 à 4 millions de litres, sachant que notre objectif d'ici 2014 est de collecter 3,5 milliards de litres pour une production de 3 milliards de litres. Certains spécialistes évoquent le problème du prix du lait cru que les transformateurs achètent à 28/32 dinars le litre. Pour eux, ce prix n'est pas rémunéré vu les dépenses induites pour la production, raison pour laquelle les transformateurs demandent à ce que ce prix soit augmenté.