Tous les efforts menés jusqu'à présent par l'Etat pour améliorer la production du lait ne répondent que partiellement aux besoins croissants de la population. Avec une consommation annuelle estimée à près de 3 milliards de litres, l'Algérie est le premier consommateur de lait au Maghreb. Cet aliment occupe une place prépondérante dans la ration alimentaire des Algériens puisqu'il apporte la plus grosse part de protéines d'origine animale. Acteur-clé de l'industrie agroalimentaire, la filière lait connaît une croissance annuelle de 8%. Avec un taux de collecte inférieur à 15%, cette filière reste, cependant, fortement dépendante de l'importation de poudre de lait. Tel est le constat des experts participant aux 8es Journées des sciences vétérinaires, tenues hier à l'Ecole nationale supérieure vétérinaire (Ensv) à Alger, sous le thème «La filière lait en Algérie: un défi à relever». A court terme, la flambée des prix de cette matière première sur le marché international risque d'avoir des conséquences directes sur le devenir des entreprises activant dans ce secteur. Les répercussions sur le consommateur seront, elles aussi, difficiles à gérer. La demande en lait est importante et couverte aux deux tiers (2/3) seulement des besoins exprimés dont 70% sont fournis par les importations. Tous les efforts menés jusqu'à présent par l'Etat pour améliorer la production se sont soldés par des fluctuations peu convaincantes et ne répondent que partiellement aux besoins croissants de la population. Ce qui traduit l'importation bientôt de 30.000 tonnes de poudre de lait pour le mois de Ramadhan. S'exprimant à L'Expression, le président de la Chambre nationale d'agriculture (CNA), Chérif Ould Hocine, a indiqué que «le marasme de la filière lait en Algérie réside en premier lieu au niveau du cheptel qui n'a aucune performance car il est élevé d'une manière traditionnelle. Celle-ci ne répond pas aux normes internationales d'où il est nécessaire de créer une école professionnelle du lait pour former les éleveurs». Et de souligner que, «c'est la collecte qui est très mauvaise et manque de gestion car pour une production annuelle de 1,8 milliard on ne collecte que 3 à 4 millions de litres, sachant que notre objectif d'ici 2014 est de collecter 1,2 milliard de litres pour une production de 3 milliards de litres». Et d'enchaîner, «puis, il y a le problème du prix du lait cru que les transformateurs achètent à 28/ 32 dinars le litre» Selon l'intervenant, ce prix n'est pas rémunéré vu les dépenses qu'il faut pour la production, raison pour laquelle les transformateurs demandent à ce que ce prix soit augmenté. M.Ould Hocine n'a pas manqué de faire une comparaison avec «le Canada qui compte 1,55 million de vaches produisant 7,5 milliards de litres de lait alors qu'en Algérie nos 900.000 vaches ne produisent que 1,8 milliard de litres par an!» De son côté, le directeur de l'Institut national de la recherche agronomique à Alger, M.Fouad Chehat, a souligné que «si la filière lait n'arrive pas à se relancer c'est en raison de l'insuffisance de l'aliment vert. C'est un problème d'alimentation en fourrage vert».