Les Italiens, qui entament la défense de leur titre mondial contre le Paraguay, lundi (18h30 GMT) au Cap (groupe F), ne cessent de se référer, analogies à l'appui, au Mondial 2006, certains d'être en mesure de rééditer en Afrique du Sud l'exploit réalisé en Allemagne. Même s'ils n'ont vraiment pas convaincu lors de leurs dernières sorties, le discours est immuable: «C'était la même chose en 2006 et on a gagné». Mais quatre ans plus tard, se présentent-ils vraiment dans le même état? La saison En 2006, la plupart des cadres, issus de la Juventus Turin et de l'AC Milan, sortaient d'une grosse saison, aussi bien en Série A qu'en Ligue des champions. Cette saison, il n'en est rien: l'Inter, sans aucun Italien titulaire, a remporté le championnat, loin devant l'AC Milan (3e) et une Juve aux abois (7e), les deux équipes étant de surcroît vite éliminées en C1. Surtout, aucun international n'a particulièrement brillé, loin de là: Cannavaro a été médiocre, Camoranesi souvent blessé, tandis que Zambrotta et Gattuso ont passé une bonne partie de leur temps sur le banc. La préparation Les Azzurri sortent de deux matchs amicaux fort décevants face au Mexique (défaite 1-2) et la Suisse (1-1). Il y a quatre ans, ils n'avaient pas forcément fait mieux contre la Suisse (1-1), déjà, et l'Ukraine (0-0). Mais, dans les mois précédents, ils avaient impressionné en s'imposant face aux Pays-Bas à Amsterdam (3-1) puis en étourdissant l'Allemagne (4-1). En 2010, pas de trace de performance similaire face aux Pays-Bas (0-0), la Suède (1-0) puis le Cameroun (0-0). Le jeu Avant la Coupe du Monde 2006, Marcello Lippi avait une défense titulaire bien établie, où s'était ensuite parfaitement inséré Materazzi à la suite de la blessure de Nesta en cours de Mondial. Cette année, le sélectionneur paraît tâtonner, hésitant notamment sur la place de son meilleur défenseur, Chiellini (axe ou côté gauche). Enfin, même si les champions du monde 2006 ne resteront pas dans l'histoire pour leur jeu offensif, ils possédaient, à l'époque, des attaquants du niveau de Totti et Del Piero et un Toni qui demeurait sur 31 buts en championnat. En Afrique du Sud, ils ne sont plus là. L'ambiance Avant de partir en Allemagne, l'Italie était en plein chaos avec le «Calciopoli» et la découverte d'un vaste système de matchs arrangés. La Nazionale avait cependant trouvé dans ce scandale une source de motivation supplémentaire sur le mode «seul contre tous». Aujourd'hui, l'ambiance est plus sereine, même si quelques polémiques n'ont pas manqué d'éclater, notamment sur les primes alors que la crise économique fait rage. Le groupe Aucun changement, même s'il ne reste plus que neuf champions du monde sur 23. Lippi a, une nouvelle fois, bâti une équipe où le collectif est placé au-dessus de tout. Les individualités susceptibles de perturber le groupe (Balotelli, Cassano) ont été écartées malgré leur indéniable talent. Il n'y a pas de querelles d'ego et, à l'image du milieu Gattuso, n'importe quel cadre se dit prêt à «porter l'eau».