Toute la ferveur s'est brusquement refroidie quand les Slovènes ont inscrit leur unique but. Tout le monde s'est mis de la partie. Le ballon rond monopolise l'attention plus que tout autre événement. Il a volé la vedette sur tous les plans. Foyers, entreprises, institutions, commerces et même les postes névralgiques n'ont pas résisté à la tentation. Pas de travail, ni de marché. Tous les rendez-vous étaient annulés. Même au niveau des hôpitaux, le foot a éclipsé les consultations. Le personnel médical a pris ses précautions pour ne pas rater l'événement en allégeant son planning de la journée. La rencontre Algérie-Slovénie vaut bien la chandelle! Dans l'esprit, une seule idée persistait: regarder le match de l'Equipe nationale à tout prix. Même au détriment de son salaire et de son poste. «Je vais juste me pointer et je reviens chez moi voir le match», murmure Saïd, un fonctionnaire de l'administration. Hier, tous les écarts étaient permis. Absence, report du travail, l'excuse était valable. Pas besoin de justification médicale. Certaines entreprises se sont même montrées compréhensives envers leurs employés en leur accordant une demi-journée libre. «Le responsable nous a autorisés à sortir à 11h pour aller voir le match tranquillement à la maison», se réjouit Kamel, sourire en coin, en s'adressant au chauffeur de taxi. Travaillant dans une entreprise privée, Kamel dit qu'il s'est rendu au travail juste pour trois heures de temps. «Aujourd'hui (hier Ndlr) personne ne va travailler», rétorque le chauffeur de taxi. «Même s'il n'y pas d'embouteillage, je vais rentrer à midi pour voir le match», explique ce chauffeur en rappelant que depuis 1986, l'Algérie n'a pas eu l'honneur de participer au Mondial. Les entreprises étrangères se sont également pliées en deux pour satisfaire leurs personnels. Alors que certaines ont accordé des journées chômées et payées, d'autres ont préféré transformer le lieu de travail en un café. Les salles de réunion ont connu une ambiance de stade. «Nous avons tout prévu pour suivre le match et nous avons même fait une commande de victuailles pour éviter de sortir», affirme une responsable au sein d'une boîte étrangère. Des écrans plats, des téléviseurs avec démo ont été aménagés pour la circonstance. «Le patron a opté pour un projecteur géant pour permettre à tout le personnel de suivre le match», témoigne Khalida, chargée de projet au sein de l'entreprise étrangère. Dans d'autres sociétés, les travailleurs ont mis la main à la poche pour acheter un téléviseur à écran plat et suivre l'événement en direct du pays de Mandela. Les commerçants qui travaillent à leur propre compte n'ont pas hésité à baisser le rideau. Même les femmes au foyer ont tout prévu avant l'heure. «J'ai fait le marché le samedi pour pouvoir préparer le déjeuner avant l'heure», affirme une mère de quatre enfants. Mais toute cette ferveur s'est brusquement refroidie quand les Slovènes ont inscrit leur unique but. Ah! si Chaouchi et Ghezzal... entendait-on répéter hier.